Lorsque Google annonce le rachat, lundi, de l’un de ses partenaires privilégiés pour Android, Motorola, la nouvelle sonne déjà comme une relance dans la guerre que se livre l’entreprise américaine a ses principaux concurrents, à savoir Apple et Microsoft. Il faut dire que depuis quelques mois, Google est en difficulté notamment sur la prétendue ouverture de son OS Mobile, Android, qui défrait la chronique avec ses (nombreux) problèmes de brevets. Elle était resté silencieuse face aux poursuites de ses concurrents et ce rachat permet notamment à Google de se remettre en bonne voie et de contrecarrer quelques plans « machiavéliques » (dixit Larry Page) emmenés par le conglomérat qui a organisé le rachat de brevets Nortel/Novell.

Mais 12 milliards. Fallait-il dépenser autant pour s’imposer dans le domaine ? La facture est salée pour le géant de la recherche mondiale, mais pas forcément  inconsidérée. Il s’agit surtout pour Google de s’approprier les nombreuses propriétés intellectuelles de Motorola Mobility (l’entreprise qu’elle vient de racheter et qui est indépendante du reste de la société) avec au final plus de 17 000 brevets acquis, et 5000 environs, en cours de validation.

Motorola Mobility, c’est surtout un partenariat de longue date avec Android, l’OS mobile de Google. On commence notamment avec le Droid qui reste sans aucun doute comme l’un des mobiles les plus vendus à l’heure actuelle aux Etats-Unis et qui a réussi – quand même – à égratigner le mastodonte iPhone et ses multiples références. Depuis, Motorola n’a jamais remis en question cette entente cordiale avec Google, notamment en raison du fait que son partenaire lui a permis de se relancer dans le domaine des mobiles, et des smartphones en particulier, mis à mal par Apple et les autres concurrents émergeant (HTC par exemple). Malgré le succès de ses différents « téléphones intelligents », la branche Mobility de Motorola reste largement déficitaires, et on comprend bien que c’est avant tout pour les brevets que la firme de Mountain View a sorti ce généreux chèque.

Ce rachat surprise pose toutefois une question dans le monde vidéo ludique. N’y a-t-il que les brevets en question ? Non, évidemment. Même si Google clame via ses nombreux communiqués l’indépendance préservée de son nouveau rejeton, on imagine bien que ce que l’on peut désormais appelé nouveau « constructeur » de mobiles, à d’autres idées en tête. A l’heure où Google souhaite resserrer les rangs autour d’un objectif commun pour éviter les problèmes de fragmentations (logiciels ou matériels) qu’avait connu Android à ses débuts, il est évident qu’elle souhaite également élaborer un nouveau mobile de « référence » comme elle l’avait déjà fait avec HTC ou Samsung pour son « célèbre » Nexus. Même si la sélection annuelle du constructeur devrait se faire en toute transparence (comme on nous l’assure chez Google), on imagine mal le géant de l’internet choisir quelqu’un d’autre que Motorola en 2011/2012.

Alors pourquoi ne pas en profiter pour concevoir une véritable console de jeu ? C’est la question que l’on se pose et qui est légitime. On espère d’ailleurs voir apparaître un tel projet, comme cela a déjà été le cas avec Sony Ericsson et son Xperia Play (lire notre test), tant la communauté le réclame afin de proposer une vraie alternative à l’iPhone d’Apple et son incontournable App Store. Il faudra cependant passer par une refonte si ce n’est partiel sinon totale de l’Android Market, attaqué de toute part, mais également adulé pour les mêmes raisons, sa grande liberté.