Dévoilée en octobre dernier, la Nintendo Switch sera enfin disponible demain et partout dans le monde. Faut-il craquer ? Réponse dans notre verdict final !

Lorsque Nintendo a démarré la conception de la Switch, inutile de dire que la firme de Kyôto avait du pain sur la planche. En effet, sa prédécesseuse la Wii U n'avait pas réussi à renouveler l'incroyable succès de la Wii et est à ce jour un des plus gros flops de la marque au plombier avec la GameCube et le légendaire Virtual Boy. Les raisons de cet échec étaient multiples : on se souvient d'abord de la confusion générale lors de l'annonce de la machine, Nintendo n'arrivant pas à faire comprendre à la presse comme au grand public qu'il s'agissait d'une vraie nouvelle console et non d'une extension à la Wii. De plus, le choix du gameplay asymétrique n'a jamais réussi à convaincre les éditeurs tiers qui ont bien vite quitté le navire, et a également posé bien des problèmes aux équipes de développement de Nintendo qui pour la plupart ne savaient clairement pas quoi en faire.

Pendant ce temps, Nintendo dût également faire face à la très rapide croissance du jeu mobile, à un marché PC revitalisé grâce à Steam ainsi qu'à un marché des consoles dominé par Sony. Durant ces années il n'y'avait guère que la 3DS pour remplir les caisses, bien aidée par la popularité de certaines grosses franchises comme Pokémon ou Monster Hunter, ou encore le succès surprise des Amiibos. Nintendo se devait donc de réagir. La réponse de la firme fût sans appel : abréger les souffrances de la Wii U et proposer une machine innovante qui saura à la fois séduire le grand public et les inconditionnels de la marque.

Et c'est ainsi que naquit la Nintendo Switch, une machine hybride proposant à la fois une expérience digne d'une console de salon et des fonctionnalités nomades. La machine est incontestablement marquée par l'ADN de Nintendo : la portabilité, des manettes pourvues de capteurs de mouvements, une machine pensée pour le multijoueurs et de nombreuses façons de jouer avec les Joy-Cons, le Joygrip, ou encore la manette Pro Controller. En théorie, c'est une excellente idée et Nintendo n'est pas le premier à s'y être essayé (on pense à nVidia et sa console Shield). La machine réussit-elle là où les autres ont échoué ? Mérite t-elle votre temps et votre argent ? Voici notre verdict final !

Nintendo-Switch-2 Le look

Loin du look très jouet de ses précédentes machines, la Switch adopte un look assez high-tech et minimaliste. La qualité de la finition est dans la continuité de ses consoles précédentes avec une console fine, solide et disposant d'une esthétique très "premium". Quant au dock, il se contente d'accueillir parfaitement la console et ne laisse place à aucune fioriture. Contrairement au look glossy des Wii, Wii U et 3DS, la Switch arbore désormais une finition matte et on ne peut que saluer ce choix tellement les traces de doigts disgracieuses étaient monnaie courante sur ces consoles. Le modèle que nous avons choisi disposait des fameux Joy-Cons rouges et bleus, très brillants et qui rappellent le fun véhiculé par l'image de marque de Nintendo. Mais si vous préférez un look plus discret, vous pouvez opter pour le modèle proposant les Joy-Cons gris.

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Ceux qui craignaient que la Switch adopte un look très "Fisher Price" - et on ne saurait leur donner tort étant donné le rendu du Wii U Gamepad - peuvent être rassurés, on a affaire à un produit au look très high-tech proche de celui d'une Playstation Vita ou d'une tablette. Notre seul reproche concerne la "béquille" permettant de faire tenir la console sur une table, qui semble assez fragile, sans compter le fait qu'il faut placer la console à une certaine distance pour bénéficier d'un angle de vue confortable. Enfin, pas si confortable que ça car l'écran de 6.2 pouces est un peu petit pour se permettre de trop s'éloigner. Ce mode tabletop est donc le moins convaincant des trois proposés, et c'est dommage car le problème aurait facilement pu être résolu avec une béquille ajustable.

Le feeling

Avec ses Joy-Cons clipsés sur les côtés, la Switch est légèrement plus petite qu'un Wii U gamepad, et aussi plus légère. Elle est bien plus confortable que ce dernier et dispose d'un poids et d'une solidité assez appréciable, d'autant plus que sa finition matte permet un feeling très sympa. Son écran de 6.2 pouces est plus grand que celui de la 3DS, de la 3DS XL et de la Vita, bien que considérablement moins grand que celui d'un iPad, iPad Mini ou iPad Pro. La console se situe pile entre portabilité et confort, avec une console assez petite pour pouvoir être sortie dans les transports, et suffisamment confortable pour vous faire oublier votre TV lorsque vous êtes loin de votre foyer.

Pour ce qui est des Joy-Cons, on observe une nette amélioration par rapport au Wii U Gamepad et au Wii U Pro Cotnroller. Les boutons X, A, Y et B sont comparables à ceux d'une New Nintendo 3DS et le pavé directionnel a été remplacé par quatre petits boutons en forme de croix. Les joysticks proposent d'ailleurs une meilleure finition que par le passé et proposent un grip satisfaisant ainsi qu'une certaine solidité. En fait, les Joy-Cons rivalisent presque avec les manettes proposées par Sony et Microsoft et chaque bouton répond très bien. Mais là où la Dual Shock 4 et le pad Xbox One restent imbattables, c'est sur le plan des gâchettes. Si celles des Joy-Cons ne sont pas mauvaises, elles ne sont pas analogiques. Dommage.

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Clipsés sur la console, les Joy-Cons semblent être un prolongement naturel de la machine et s'imbriquent parfaitement. Leur taille idéale leur permet de tenir confortablement dans vos mains et on n'a aucun mal à atteindre les gâchettes et boutons, excepté peut être le joystick droit pas particulièrement confortable. Malgré cela, nous n'avons pas rencontré de problèmes lors de nos longues sessions de jeu et on s'y habitue vite, mais sans ce petit défaut cela aurait été un sans faute.

Détachés, les Joy-Cons fonctionnent de la même manière qu'une manette classique. L'une des features stars est sans doute le fait que chaque Joy-Con peut être utilisé comme une manette autonome, ce qui est idéal pour des sessions multijoueurs improvisées. Ils disposent même de leur propres gâchettes, ce qui peut être idéal pour une petite partie de Mario Kart 8. Le problème est que les Joy-Cons sont un chouïa trop petits pour être confortables, et leurs gâchettes manquent de répondant. Elles proposent si peu de feed-back que l'on n'a presque pas l'impression d'appuyer dessus. Une fois encore, on s'y habituera avec le temps mais cela reste un peu dommage.

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Enfin, logés sur leur grip, les Joy-Cons proposent une disposition de boutons proche d'une manette Xbox. Si cela constitue une manette standard convenable, le résultat reste néanmoins bien moins confortable qu'avec une manette Pro, où chaque bouton est parfaitement placé. En clair, pour ceux qui comptent jouer avant tout à la Switch sur leur télé, l'achat d'une manette Pro sera vite indispensable.

Les performances

Pour ce qui est des performances de la console, elles varient selon votre utilisation de la machine. En mode nomade, la Switch arbore un écran tactile de 6,2 pouces disposant d'une définition de 1280 x 720 pixels. Elle propose donc un niveau de détails plus élevé que le Wii U Gamepad (480p), la PS Vita (544p) et la New 3DS (240p), et ça se voit. Son rendu est bien plus précis et affiche de très belles couleurs, pour un rendu comparable à celui de votre télévision. Côté matos, la Switch n'est pas en reste et accueille un processeur graphique Nvidia Tegra X1. Pour les profanes, comprenez qu'il s'agit d'un bond en avant par rapport à la Wii U mais qu'elle n'atteint cependant pas les standards d'une PS4 ou d'une Xbox One.

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Côté stockage, la console embarque un disque dur à l'espace plutôt rikiki, à peine 32 Go, mais peut accueillir des cartes microSD jusqu'à 2 To. Quant à l'autonomie de sa batterie, cette dernière peut tenir entre 3 et 6 heures en fonction du jeu joué. Pour information, The Legend of Zelda a englouti la moitié de la batterie en à peine une heure et demie. Malgré ce défaut, la Switch est sans doute une des consoles portables les plus abouties jamais sorties. Il ne s'agit pas d'une console de salon auquel on aurait accolé une fonction nomade gadget, mais d'une portable à part entière.

Mais la Switch est aussi une console de salon, et son installation est d'une simplicité enfantine. On branche le câble d'alimentation et le câble HDMI sur le dock, on y enfourne la Switch, on allume la télé en la mettant sur la bonne source et c'est tout. Et ô joie et bonheur, la console embarque un OS proposant une interface très rapide et réactive, et la lenteur des menus de la Wii U n'est plus qu'un mauvais souvenir. Connectée au dock, la console affiche une définition Full HD en 1080p, même si la définition et le framerate dépend évidemment des jeux. Notre expérience sur The Legend of Zelda: Breath of the Wild était d'ailleurs meilleure en mode nomade. En mode TV, le jeu affiche une définition en 900p et un framerate qui a du mal à franchir les 30 FPS constants et a tendance à chuter lorsqu'on se trouve dans des zones très denses ou très peuplées comme les villages. Et curieusement, ces problèmes ont disparu en mode nomade. Malgré la définition un peu plus basse (720p), le rendu semble plus propre tandis que le framerate paraît bien plus stable.

nintendo-switch-6 Notre verdict

Bien que ses performances dépendront des jeux, la Switch a su nous convaincre à la fois en tant que console de salon et en tant que machine nomade. Nous sommes nombreux à avoir rêvé de pouvoir un jour jouer à un jeu dans notre salon pour continuer notre partie dans les transports, au travail ou chez Mamie, et c'est précisément ce que la nouvelle machine propose. Il est tellement facile de prendre sa Switch avec soi que cette fonction innovante deviendra très vite naturelle pour nous, voire instinctive. D'autant plus que les différents modes tiennent leurs promesses.

La machine n'est cependant pas sans défauts. Sa "béquille" semble un peu fragile et ne sera utilisée que pour des sessions multijoueurs improvisées, tandis que l'autonomie de sa batterie laisse franchement à désirer. Si elle tiendra le coup sur des petits jeux indépendants peu gourmands en ressource, nombreux sont ceux qui voudront acheter la console pour pouvoir jouer à Zelda dans le bus, et il est ainsi dommage que la machine se retrouve vite à court de jus. Certains problèmes sont également de la partie en mode TV, avec un Zelda bien moins agréable à jouer dans le salon qu'en mode nomade. Néanmoins, trop d'inconnues subsistent pour tirer la sonnette d'alarme à ce sujet. L'arrivée d'un patch pourrait-elle être salutaire ? Est-ce que des problèmes similaires surviendront dans d'autres jeux ? Il faudra attendre avant d'en savoir plus à ce sujet.

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En attendant, la Switch réussit techniquement son pari et propose d'excellentes conditions de jeu, peu importe l'endroit où vou vous trouvez. La machine est très bien conçue, les menus sont rapides et son design nous a rapidement fait oublier le Wii U Gamepad et même la 3DS. Il ne reste plus qu'à attendre de la voir grandir. Si la console ne propose que peu de jeux pour le lancement, sa ludothèque semble assez prometteuse grâce au soutien des développeurs indépendants, en espérant que les éditeurs tiers soient de la partie. En résumé, c'est un début très prometteur pour cette nouvelle console de Nintendo et nous n'avons pas fini de vous en parler sur PocketGamer.fr.