De tous les jeux sortis durant la fenêtre de lancement de la Switch, ARMS est probablement celui qui a le plus de choses à prouver. Contrairement à Breath of the Wild, Mario Kart 8 et au prochain Splatoon 2, ARMS a été conçu de façon à exploiter les capacités uniques de cette console. Il est jouable en multijoueurs, utilise les capteurs de mouvements des Joy-Cons et est tout aussi jouable sur grand écran qu'en mode nomade. C'est donc la première exclusivité de Nintendo exploitant les forces de cette plate-forme, et sa qualité peut être décisive si on cherche à investir dans cette nouvelle console. Et de plus, il s'agit d'une toute nouvelle licence qui fait ces débuts. Vous comprendrez donc aisément que sa tâche n'est pas aisée. ARMS parvient-il à remplir ses objectifs ? Et bien, c'est ce que nous allons voir dans ce test. 

ARMS est donc un jeu de baston multijoueurs et est au jeu de combat ce que Splatoon est au genre Third-Person Shooter, à savoir une formule revisitée à la sauce Nintendo. Pour commencer, le jeu est intégralement en 3D avec une caméra placée directement derrière votre personnage, ce qui implique une certaine liberté de mouvements autour des arènes, et la possibilité d'utiliser l'environnement à votre avantage. La particularité d'ARMS cependant c'est la présence de bras extensibles et rétractables pour vos personnages, et qu'il est conçu pour être joué via les capteurs de mouvements des Joy-Cons. Vous mimez ainsi coups de poings et autres chopes et vous aurez également la possibilité de garder en croisant vos Joy-Cons. Les sauts, esquives et attaques spéciales pourront être exécutés via les boutons. Au premier abord, cela semble simple, mais en réalité le gameplay intègre une grande profondeur de jeu. Les combats ont une dimension "pierre feuille-ciseaux" et certaines attaques seront plus efficaces que d'autres. Les chopes permettent d'attraper un adversaire même quand celui-ci est en garde, la garde l'emporte sur les coups de poings, et les coups de poings sont plus puissants contre une chope. Ce système de pierre-feuille-ciseaux permet une grande diversité tactique dans chaque combat. Sans compter que chaque personnage possède une compétence et des bras uniques, ce qui vous permet de développer votre propre style de jeu. 

Est-ce que c'est fun ? Indéniablement, bien qu'on puisse se sentir un peu dépassé dans les premières heures, la faute revenant aux capteurs de mouvements qui manquent quelque peu de précision. Bien sûr, ce défaut est inhérent à tout jeu faisant la part belle au motion-gaming. Mais le problème est ici amplifié par le fait qu'ARMS est taillé pour le multijoueurs compétitif, ce qui demande un temps de réaction très rapide et de la précision - deux choses que les capteurs de mouvements ne peuvent pas offrir. De plus, ce problème paraîtra difficilement clair aux nouveaux joueurs, qui blâmeront la maniabilité ou leur skill, ce qui générera de la frustration. Mais fort heureusement, ARMS peut aussi être joué au Joy-Grip et au Pro Controller et l'expérience n'en est que bien meilleure. On peut comprendre pourquoi Nintendo a markété le jeu comme un ambassadeur du motion-control, afin d'attirer les joueurs occasionnels de la même manière qu'à l'époque de la Wii. Les jeux de combat ont souvent la réputation d'être ingrats et difficiles à maîtriser, et la firme de Kyôto a certainement voulu éviter cette écueil. Mais le coeur du gameplay est pensé pour le compétitif, et si Nintendo vendrait sûrement plus de copies grâce au motion-control, ce seront les joueurs compétitifs qui s'y investiront le plus. Et pour ce type de joueurs, la manette standard ou Pro est tout bonnement indispensable. 

Mais ces problèmes de précision ne sont pas le seul défaut d'ARMS, car le jeu souffre également d'un gros manque de contenu solo. Il ne s'agit pas de dire qu'il n'y a rien à faire lorsque vous jouez seul. Tous les modes de jeu sont accessibles en solo, et ceux-ci sont assez variés. Il y'a les combats classiques, mais aussi des modes de jeu façon volley-ball ou basket, ou encore un mode 1 contre 100 où vous devrez éliminer 100 ennemis. On trouve aussi un mode championnat dans lequel vous devrez vaincre les 10 personnages l'un après l'autre pour remporter la victoire. Il s'agit en quelques sortes d'un équivalent du mode Grand Prix de Mario Kart 8, mais en bien moins intéressant. Et c'est à peu près tout, bien que vous aurez toujours la possibilité de squatter le mode online, si vos amis ne sont pas dans le coin. Mais malgré ses défauts, ARMS est un jeu de combat vraiment fun et Nintendo a réussi à réitérer l'exploit de Splatoon en son temps, à savoir créer un jeu de combat divertissant, accessible et exploitant les capacités de la Nintendo Switch. Si vous décidez de craquer, vous vous passerez de très bons moments que ce soit affalé sur le canapé avec des amis, ou en jouant en compétitif. Mais tout n'est pas aussi parfait que nous aurions pu l'espérer, et ce à cause de deux raisons : le manque de précision lorsqu'on joue aux Joy-Cons, et un vrai manque de choix en termes de contenu solo. Mais de toute façon, ceux qui s'investiront le plus dans ARMS seront les joueurs hardcores qui laisseront vite de côté les Joy-Cons pour jouer au Pro Controller. 

En ce qui concerne le contenu solo, Nintendo avait su proposer une vraie campagne solo pour Splatoon, très utile pour découvrir le jeu et apprendre les rudiments de son gameplay. Et c'est dommage car ARMS aurait tout à fait pu bénéficier d'une campagne solo similaire. Mais comme pour Mario Kart 8, Nintendo a choisi de se concentrer essentiellement sur le multijoueurs et cela sonne un peu comme une occasion ratée. En clair, ARMS est un très bon jeu de combat bourré de fun, au gameplay très profond et vous ne regretterez certainement pas votre achat si vous décidez de passer à la caisse. Mais ces défauts lui empêchent de se hisser dans la catégorie des must-haves de la Switch comme Zelda Breath of the Wild ou Mario Kart 8 Deluxe. Peut-être lors d'un prochain épisode ?