N'y allons pas par quatre chemins, Street Fighter est une série de jeux de baston qui demandent de la précision. Ses jeux demandent au joueur d'exécuter des actions complexes, qu'il doit produire dans un timing parfait. La série est conçue pour être jouée avec un stick arcade et si les jeux sont tout à fait jouables à la manette, celles-ci peuvent difficilement reproduire la précision et la robustesse d'un stick arcade. En d'autres termes, ce n'est pas un genre de jeux qui se prête bien aux écrans tactiles, principalement pour les raisons citées plus haut. Et ce Street Fighter IV: Champion Edition le prouve amplement. Nous avons là une pâle copie tentant de reproduire vaguement le gameplay d'un jeu considéré par beaucoup de joueurs comme étant un des jeux de baston les plus aboutis sortis à ce jour sur consoles ou en arcade. 

Sur le papier, on retrouve tous les éléments d'un jeu Street Fighter. On sélectionne un personnage, et on le fait s'affronter par d'autres joués par l'ordinateur ou un autre joueur. Le joueur gagne un round en vidant la barre de vie de son adversaire, et gagne le match en remportant deux rounds. Chaque personnage possède sa propre palette de coups, allant des boules de feu aux coups de pied tournoyants en passant par les poings enflammés. Enfin chaque personnage dispose de furies, des attaques dévastatrices qui peuvent être déclenchées après que sa barre de Super ou Ultra est remplie. Si la barre de Super se remplit en donnant des coups à son adversaire, la barre d'Ultra se remplit en prenant des coups, devenant ainsi une très bonne mécanique de come-back. Vous l'aurez compris, sur le papier Champion Edition comporte presque tout ce qu'on peut attendre d'une version de Street Fighter IV. Presque, car cette version mobiles se joue avec moins de boutons que la version standard. Si la version classique se joue à 6 boutons (3 pour les poings et 3 pour les pieds), on retrouve ici 4 boutons avec un dédié aux coups de poing, un autre pour les pieds, un pour les attaques spéciales et enfin un dernier pour les attaques focus. Les ultras et les super peuvent être déclenchées via les boutons virtuels ou en tapotant sur les barres une fois celles-ci pleines. 

Et ces barres, autant vous le dire que vous allez les tapoter souvent, car comme on pouvait le craindre, la maniabilité n'est clairement pas assez précise et nous pousse à effectuer des actions simples et répétitives. Exécuter un shoryuken est tout sauf une sinécure, lancer un hadoken peut être particulièrement pénible et on vous souhaite bonne chance pour l'exécution des chopes de Zangief qui vous demandent de faire un tour complet avec le stick virtuel. Si le jeu propose à la fois du solo et du multijoueurs, ces deux modes sont gâchés par les mêmes problèmes. Il est tout simplement impossible de prendre du plaisir en jouant avec ces boutons virtuels. Et si il est fort heureusement possible de jouer à la manette, malheureusement les défauts du jeu ne s'arrêtent pas là. Si en 2010 le fait de voir tourner Street Fighter IV sur un iPhone était un tour de force technique, le jeu fait franchement pitié en 2017 avec ses décors totalement fixes et son framerate toussotant. Même si vous êtes un grand fan de la série - votre serviteur l'est également - il est très difficile de vous recommander cette version mobiles qui n'est qu'une très pâle copie de ce que Street Fighter IV, le vrai, a à offrir. Quant à ceux qui voudraient jouer à Street Fighter IV dans les transports, nous leur recommandons davantage Super Street Fighter IV 3D Edition sur 3DS, bien plus fidèle et complet, trouvable aujourd'hui pour une bouchée de pain en occasion.