Bénéficiant d'une interface adaptée et éprouvée, ce nouvel opus avance dans un sillon déjà bien tracé. Beneath a Steel Sky: Remastered suivie du premier épisode Les Chevaliers de Baphomet – The Director's Cut a permis au studio Revolution, de revenir en force et de se rassurer sur l'accueil chaleureux que les joueurs étaient encore prêt à apporter à leurs chef d'oeuvre. Ce nouvel opus, bénéficie de graphismes remasterisés, entendez par là qu'à l'inverse d'un The Secret of Monkey Island - Edition Spéciale où ces derniers ont été entièrement redessinés, ils ont ici étaient adaptés pour ne pas piquer les yeux. En sus, quelques améliorations bienvenues ont été ajoutées, comme les portraits animés des personnages lors des dialogues. Très bien réalisés et bienvenus ils ajoutent de la vie aux personnages déjà très vivant soutenus par des voix françaises génialement doublées et des dialogues truculents inoubliables. Le tout, enrobé de scènes animées d'une excellente facture qui transforme le soft, à l'instar d'un Dragon's Lair, en véritable dessin animé interactif. Toute proportions gardées bien évidemment. Longue et variée, elle dévoile une intrigue d'une rare profondeur, qui a la manière d'un Lara Croft and the Guardian of Light nous conduira aux quatre coins du globe pour visiter des décors superbement réalisés. Réalisation en adéquation par rapport au design des personnages au look vieillot, assez ringard et commençant à dater. Tout particulièrement la tenue militaire de Nico,  du deuxième chapitre. Dommage que cette partie du jeu n'ait pas bénéficié du même remaniement. Au chapitre des déceptions, la disparition des énigmes sous forme de minis jeux. Elles avaient fait l'objet d'un ajout lors de la réédition du premier épisode sur DS et apportaient un peu de fraicheur au gameplay. Toutefois, les situations rocambolesques des héros, tantôt à essayer de résoudre une énigme via les objets collectés, ou à se faufiler sur le toit d'une cabine entre les rondes d'un vigile ou à utiliser des mécanismes pour se débarrasser d'un garde en temps limité, pallient amplement à cet oubli et participe à éliminer le sentiment de redondance. En revanche il est bon de savoir que le jeu se joue lentement et que les très nombreux dialogues, s'ils ont le mérite de nous plonger dans l'univers du jeu, plombent aussi beaucoup le rythme.

Ne vous attendez donc pas à un jeu d'action frénétique ni à user de vos réflexes, bien qu'il faudra rester alerte car certaines actions seront à réaliser en temps limité, sans quoi les personnages se feront tués. Surprenant la première fois, on aura un petit pincement au coeur lorsque que Nico se prendra une balle ou George se fera poignarder. Il faut dire que les jeux du genre se permettent rarement une telle extrémité. L'effet positif, c'est que l'on s'attache d'autant plus aux personnages et l'implication permanente que l'on fourni pour progresser dans le jeu et leur éviter la mort nous immerge un peu plus dans l'aventure.

S'il est un point sur lequel Revolution est inattaquable, c'est l'ergonomie. Parfaitement adaptée au support tactile et hyper intuitive, c'est un vrai régale de naviguer dans le jeu. On est loin de l'interface poussive de The Secret of Monkey Island - Edition Spéciale. A tous moments les quatre menus du jeu sont accessibles à chaque coin de l'écran. On y trouve tout le nécessaire, options, statistiques, l'aide, le résumé de l'histoire et même une assistance particulièrement bien fichue. Décomposée en plusieurs niveaux, elle explique par paliers la prochaine action à exécuter. Ainsi, si les premiers paliers se contentent de rester évasifs pour juste évoquer la direction sur la suite des opérations, le dernier lui, indique clairement ce qu'il faut faire. On ne reste donc jamais bloqué dans le jeu et surtout, on ne ressent aucune frustration à avoir du utiliser l'assistance. D'ailleurs, il est important de signaler que les énigmes sont toujours très bien trouvées et surtout très logiques. Autre point positif de l'interface, il suffira d'appuyer n'importe où sur l'écran pour connaitre les zones interactives et les actions possibles. Là encore, on ne pestera pas pendant des heures à la recherche de l'élément microscopique sur lequel appuyer pour progresser. Pour finir, les développeurs ont eu l'excellente idée de permettre de transférer les enregistrement de partie sur un fichier exportable via drop box. De cette manière, il sera possible de reprendre une partie commencée sur un autre périphérique, d'échanger ses sauvegardes avec un ami et surtout de pouvoir désinstaller le jeu sans perdre sa progression. Une trouvaille bienvenu que tous les développeurs devraient s'obliger à implémenter dans leurs jeux.

Encore un point sur lequel on félicitera Revolution, l'implantation de bonus intelligents et sympathiques. Le premier d'entre eux, les résumés écrits de l'histoire. Rédigés comme des journaux par George et Nico, ces deux documents renforcent l'immersion et permettent de toujours savoir où l'on en est. Ils nous rappellent aussi toutes les subtilités du scénario. Second bonus, l'intégration d'une bande dessinée mettant en image le prologue de l'histoire. On comprend ainsi bien mieux ce qui plonge nos deux belligérants dans leurs tracas. Et le dernier, plus classique, mais pas des moindres, l'affiliation au réseau Game Center avec leaderboard et partage des scores. Un petit rien qui fait parfois la différence et une belle surprise pour un point'n click.

S'il faut reconnaitre que ce chapitre des Chevalier de Baphomet est un beau bijou, il n'en n'est pas moins une relique du passé légèrement altérée par le temps. Ainsi au registre des points noirs, on doit citer, des graphismes passés qui auraient tout de même mérité une bien plus grande attention et un look vieillot qui colle à la peau de nos personnages, mais qui ne correspond plus vraiment avec notre époque. On pourra aussi lui reprocher le relatif manque de rejouabilité, mais il faut être honnête, c'est un défaut récurent à ce genre de jeu, ainsi que le rythme assez lent qui pourra en pousser certains à ne pas terminer l'aventure. Pour enfoncer le clou on citera aussi, la difficulté par moments, à faire faire une action à son personnage. L'interface a beau être excellente, l'épaisseur du doigt sur un écran tactile ne sera jamais aussi précise qu'un pointeur de souris. Et pour finir, les ajouts en mini jeux dont avait pu profiter la première mouture sont ici aux abonnés absents. Sans être rédhibitoire, c'est plutôt dommage.