Premier constat, Jazz: Trump's Journey possède une patte graphique unique. Vintage, effet vieille pellicule, couleurs délavées et tonalité sépia, c'est clair, on plonge dès les premières minutes dans l'univers des vieux films des années 1930. Un constat qui se confirme avec les animations des personnages et le style graphique adopté qui rappelle à coup sûr les premiers Mickey Mouse de Walt Disney (Steambot Willie, l'une des premières apparitions de Mickey, avec ses bras démesurément long et son animation très cartoon est une inspiration évidente). Egg Ball a mis le paquet pour nous plonger dans l'ambiance et c'est tant mieux. D'ailleurs la musique n'a pas à rougir de la comparaison, puisque les sonorités jazzy collent parfaitement à l'action et soulignent à merveille l'ambiance rétro-américaine des Années Folles. On notera au passage qu'un traitement tout particulier a été effectué sur les musiques, puisqu'au fil des rencontres du héros, elles s'étoffent avec de nouveaux instruments et évoluent donc tout au long de l'histoire. Là encore, la qualité est au rendez-vous et il est clairement recommandé d'utiliser un casque pour profiter à fond de l'ambiance.

En terme de gameplay, Jazz est assez classique. C'est un Plateformer dans la veine de Super Mario Bros ou de Rayman. On y dirige Gumbo, un trompettiste, qui à travers ses souvenirs va nous faire revivre les péripéties de sa réussite dans l'univers du jazz. Des touches de direction permettent de le déplacer alors que deux boutons sont attribués au saut et au pouvoir d'arrêt du temps. C'est d'ailleurs sur ce point que Jazz se démarque de ses concurrents tels que Terra Noctis ou Storm in a Teacup. En effet, les niveaux sont très orientés puzzle et il faudra régulièrement utiliser le pouvoir de la trompette de Trump afin de geler le temps et ainsi s'ouvrir un passage jusqu'alors inaccessible. Ainsi pour franchir un précipice, on pourra pousser une caisse dans le vide et la stopper dans sa chute. Il suffira ensuite de l'utiliser comme plateforme suspendue pour passer. A un autre moment on bloquera des portes en position ouverte ou on figera des notes de musique afin de sauter dessus. Jazz offre beaucoup de variété en terme de level design et se fait le petit frère d'un certain Prince of Persia. Autre similarité avec la franchise d'Ubisoft, l'agilité toute particulière du personnage. Trump peut sauter, glisser et rebondir le long des parois afin d'accéder à des zones cachées. On évolue ainsi dans des niveaux à la fois à l'horizontal et à la vertical, ce qui donne l'impression d'évoluer dans de véritables labyrinthes et offre une bonne dose de variété. De plus, l'aspect plateforme étant très poussé, il rend le jeu assez dynamique et tranche un peu avec la mollesse de son aspect puzzle.

On passe aussi beaucoup de temps à fouiller partout afin de rassembler l'ensemble des vignettes souvenir et les notes de musique disséminées dans les niveaux. Ainsi, le jeu s'offre une bonne replay value ainsi qu'une excellente durée de vie (13 niveaux décomposés en divers tableaux, soit près de 7 heures de jeu). Il faut ajouter à cela l'intégration de Game Center et d'une série de succès à débloquer qui finira de vous occuper quelques heures.

Passons aux points négatifs. Jazz est un excellent jeu, mais il souffre de quelques fausses notes. Bien qu'il bénéficie d'une réalisation en or et d'un gameplay à la fois classique et innovant, son manque flagrant d'action (on ne croise que peu d'ennemis et quelques boss) et sa propension à tendre vers le puzzle game lui confère un rythme assez lent. Heureusement quelques phases plus punchy (passage en scrolling forcé où l'on est poursuivi par un mur de piques, phase de plateforme sur les notes de musique ...) renouvellent l'intérêt et évite la lassitude. On notera également un soucis dans la gestion des continus, puisque si l'on stoppe une partie en cours peu après un checkpoint, lors de la reprise, on ne reprendra pas à l'endroit stoppé, mais au début du niveau. Frustrant, surtout si l'on a du s'arrêter peu avant la fin de ce dernier. Il vaut donc mieux éviter les cessions courtes de jeu (bien que les niveaux, décomposés en tableau y soit assez propice). Enfin et pour finir, on pourra reprocher à Jazz, son manque de vie. Certes les décors sont magnifiques et les quelques persos présents superbement animés, mais globalement tout est assez statique. On ne rencontre presque aucun ennemis et hormis quelques particules ou drapés, rien ne bouge dans les niveaux. Jazz est sans conteste l'un des meilleurs jeu de plateforme de l'app store avec son charme et ses défauts.