Adapter un jeu aussi complexe et complet que Magic the Gathering en jeu vidéo n'était pas chose aisée. Non pas que le concept soit difficile à développer mais plutôt la relative complexité des règles qui peut rapidement rendre l'intelligence artificielle ingérable. Pourtant il faut reconnaitre que les développeurs de Stainless Studios se sont plutôt bien débrouillés. Bénéficiant d'un bon tutoriel dynamique, d’une excellente réalisation graphique ainsi que d'une scénarisation anecdotique mais immersive, ils parviennent à rendre le jeu de carte de Wizards of the Coast accessible et prenant.

Des règles simples mais riches en variété

Pour rappel, le concept d'origine est relativement simple. Vous disposez d'un jeu de carte, appelé deck et contenant des terrains, des créatures mais aussi des sorts (artefacts, éphémères et enchantements) et des équipements. Vous disposez alors d'une main de départ de sept d'entres elles et à chaque tour vous pourrez jouer un terrain et vous en servir pour acheter des sorts ou des créatures. Les terrains servant alors de monnaie en produisant du mana d'une couleur.

Ainsi si vous aviez choisi de jouer avec un deck contenant des plaines vous produirez du mana de couleur blanche et pourrez donc l'utiliser pour jouer des cartes de cette couleur. Le choix de la couleur du deck revêt une grande importance car chacune possède ses avantages et inconvénients. Par exemple, un deck rouge (associé aux montagnes) proposera peu de créatures, mais de nombreux sorts d'attaque, peu onéreux et souvent puissants. A contrario jouer avec un deck vert (associé à la forêt) permettra d'invoquer des créatures gigantesques aux capacités toujours très utiles, mais qui malheureusement nécessiteront d'avoir une bonne réserve de mana pour être posées. C’est autour de cette particularité que des millions de joueurs du monde entier basent toute leur stratégie en construisant des jeux de cartes mélangeant souvent plusieurs couleurs. Ici les choses ont heureusement été simplifiées puisque les decks fournis sont déjà calibrés pour être utilisables sans modifications. Que les puristes se rassurent, il existe tout de même un gestionnaire de deck qui permettra de customiser son jeu mais malheureusement assez mal fichue il faudra s'acharner pour parvenir à l'utiliser correctement.
Une richesse des modes en solo et en multi

A la base, le jeu ne se pratique qu’à plusieurs, seul ou en équipe. Si la possibilité est ici bien présente avec un mode multi-joueurs en ligne fourni en variantes de jeu, c'est avant tout au mode solo que nous allons nous intéresser. En effet, spécifique à cette mouture il permet de s'adonner au jeu seul devant son écran et au sein d'une aventure longue et riche en émotions. L'intelligence artificielle a visiblement bénéficié d'un soin tout particulier et malgré quelques défauts, il faut reconnaitre qu'elle est relativement bien calibrée. Les premières parties seront ainsi faciles à remporter et permettront de se faire la main rapidement alors que les suivantes demanderont plus de stratégie quitte à sacrifier certaines de ses cartes afin de monopoliser les défenses adverses et pouvoir infliger des dégâts au lanceur de sort. Car il ne faut jamais perdre de vue que le seul objectif du jeu est de réduire les 20 points de vie du magicien adverse à zéro. Poser des cartes, faire grossir son armée et accumuler du mana ne doivent être que les moyens d'y parvenir.

On appréciera la richesse du contenu qui permet de s’adonner à des duels sous plusieurs formes. En mode solo, on pourra ainsi boucler l’aventure en affrontant des adversaires bien calibrés et en essayant d’obtenir la médaille d’or à chaque fois (autant dire que le challenge est relevé). Mais on pourra également s’adonner à des duels retors via le mode Vengeance, où les héros battus reviendront nous affronter plus en colère que jamais, ainsi qu’en mode défi, où il sera question de parvenir à la victoire en un nombre de coups très limités. Ne nous le cachons pas, le mode aventure permettra à tous les joueurs de prendre du plaisir avec le jeu mais les deux modes sus cités seront un vrai calvaire pour les néophytes.

Enfin, un dernier mode de jeu, appelé Planechase apportera son lot de nouveautés modifiant radicalement le gameplay. Le but du jeu y restera inchangé, puisqu’il sera toujours question de faire perdre ses 20 points de vie à son adversaire, toutefois la manière d’y parvenir divergera sensiblement, notre avatar possédant la capacité de voyager à travers les plans dimensionnels et donc de se téléporter vers divers lieux magiques. Ces derniers possèdent tous une particularité unique qui modifiera les règles du jeu tant que l’on s’y trouvera. De fait il ne faudra plus se contenter d’observer la stratégie de son ennemi mais aussi tenir compte des conditions du site qui pourront complètement renverser la balance d’un duel. Un vrai plus que les puristes autant que les néophytes apprécieront après quelques parties.

Bien pensé mais un peu lourd

Si visuellement le jeu est un ravissement il en est tout autre de son ergonomie. Poussive et mal fichue elle nécessitera une longue phase de rodage pour s’y habituer. Non pas que le jeu soit injouable mais il faudra régulièrement double taper sur une carte pour lire sa description et s’armer de patience face aux longues latences des fins de tour. Une jouabilité lourde, mais qui dans l’ensemble est bien plus agréable que sur console, la manipulation des cartes via l’écran tactile étant bien plus intuitive qu’une sélection via un curseur. Autre défaut du jeu, son impossibilité de sauvegarder une partie en cours. Aberrant pour un jeu sur support mobile. Ne comptez donc pas entamer une partie dans le métro ou pendant une pause pour la terminer plus tard. Un défaut d’autant plus rageant que la version iPad 1 souffre d’instabilité et crashe lors des effets visuels trop marqués. De fait il pourra arriver que vous perdiez le duel en cours à cause de ce problème. Un défaut heureusement inexistant sur les iPad 2 mais qui mériterait d’être rapidement corrigé pour les autres.

A coté de cela Magic : The Gathering - Duels of the Planeswalkers 2013 réussit le pari de proposer un gameplay bien calibré et particulièrement bien pensé pour permettre aux nouveaux joueurs de découvrir cet univers riche et réellement addictif (on notera au passage que l’intégralité du jeu est en français). Les 300 cartes que comprend cette version iPad permettront de s’amuser pendant longtemps et si l’on omet les modes multi-joueurs, la durée de vie s’étend déjà à plusieurs dizaines d’heures. En outre il ne fait aucun doutes que Wizard of the coast proposera dans le futur de nouveaux decks et boosters (payant ?), offrant alors une nouvelle jeunesse au titre tout en gonflant encore un peu sa durée de vie.