En 1994 sortait sur PC et Mac un certain Myst. Une série d’aventure aujourd’hui absente de la scène vidéo ludique (si ce n’est des portages en veux-tu, en voilà) mais qui a pourtant permis d’apporter un sous-genre pour les jeux d’aventure en point’n click. Développée par Cyan Worlds, la série a en effet apporté avec elle un parti-pris particulièrement ambitieux pour l’époque, à savoir des environnements photoréalistes et une vue à la première personne diaboliquement efficace pour quiconque voulait se plonger à fond dans un univers riche, mystérieux, mais toujours passionnant. Peu de jeux ont malheureusement pris la relève, et c’est dans cette optique que Kairo sort sur iPhone et iPad après une sortie l’automne dernier sur PC, Mac et Linux. Ici toutefois, pas de long scénario s’étalant sur plusieurs épisodes et pour cause, le jeu est développé par une seule personne, mais des énigmes aux mécanismes étranges.

Kairo se place dans un univers très épuré, en 3D, fait de formes géométriques variées au sein d’environnements simples, mais extrêmement travaillés. Car il faut dire une chose, l’exploration se fait avec passion. On arpente ces couloirs vides de toutes vies pour terminer chacune des énigmes que le titre nous propose. Pour quoi au juste ? Malgré le manque de scénario, le jeu absorbe le joueur ayant eu l’idée folle de s’approcher de lui. Les niveaux défilent, le temps également et l’ont fini par terminer l’aventure en quelques heures, repu et satisfait d’y être arrivé. Il ne faut donc pas prendre Kairo comme un jeu, mais bien comme une expérience dans laquelle on va s’amuser pour peu que l’on ait la patience de franchir les épreuves et ainsi aller toujours plus loin. Chaque zone fonctionne de la même façon : vous arrivez dans la pièce, et vous devez trouver un élément interactif qui va modifier quelque chose, bouger une plateforme, activer un panneau… et ainsi de suite. Chaque nouvel élément que l’on actionnera donnera lieu à « l’épanouissement » de la pièce pour que l’on puisse par la suite s’engouffrer dans une autre zone dotée d’une ambiance inédite.

À ce style visuel un peu dérangeant, mais fichtrement efficace s’ajoute un travail de maitre fait sur la bande-son. Elle est signée Bartosz Szturgiewecz (à vos souhaits !) et elle a ce talent de combler une sorte de vide laissé par un monde mystérieux. Chaque fois que vous réussirez une action, que vous débloquerez un nouveau parcourt ou que vous débuterez un niveau, une musique prendra la place d’une autre, comme-ci elle suivait sa propre aventure, à vos côtés à chaque instant. L’utilisation d’un casque est donc vivement conseillée pour réussir à se plonger pleinement dans Kairo et à apprécier l’ambiance sonore du titre qui ressemble là encore à ce qui a déjà été proposé dans Myst.