Lancée en même temps que la Surface, la tablette de Dell sous Windows 8 RT peut-elle réellement tenir tête à la concurrence du secteur ? Réponse dans notre test. En choisissant de proposer un OS spécialement développé pour les tablettes, Microsoft a sans aucun doute fait un grand pas vers l’avenir. Le géant de Redmond a aussi ouvert la voie aux hybrides qui avaient bien besoin d’un Windows spécifique pour réussir à surprendre. Dell fut toutefois l’un des premiers à dégainer en proposant une véritable alternative à la désormais célèbre Surface de Microsoft. Moins chère que sa principale concurrence (à partir de 479€ sans clavier), la tablette XPS 10 de Dell offre deux configurations, de 32 et 64Go. Le premier problème que l’on va toutefois rencontrer, c’est que Windows RT, aussi allégé soit-il, réclame tout de même 15Go d’espace de stockage, on arrive donc rapidement à saturation pour peu que l’on commence à réellement l’utiliser dans son modèle de base (32Go donc). Dell a toutefois eu l’excellente idée de proposer d’office un port micro SD bien utile pour pouvoir y mettre ses contenus multimédias, mais il n’est toutefois pas encore prévu d’y mettre ses applications du Windows Store.

La problématique Windows Store

Car la principale différence avec Windows 8 Pro, c’est que RT ne peut pas installer d’application en .exe par exemple. Il faut en effet se tourner exclusivement vers le Windows Store, l’équivalent du Mac App Store. Celui-ci se présente donc comme un marketplace assez classique, composé de rubriques aussi diverses que variées. Encore jeune, le store ne dispose pas d’un catalogue très intéressant. Car chaque développeur se doit de proposer une app adaptée à l’environnement Modern UI (la nouvelle interface de Windows 8). Si on retrouve des équivalences d’applications, il manque parfois les principales, comme Twitter ou même Facebook. Évidemment, on peut aller sur les sites concernés, mais durant notre test, le réseau social au logo blanc et bleu faisait planter notre navigateur. Dans ces cas-là d’ailleurs, pas besoin de redémarrer la tablette, Windows se charge pour vous de fermer l’application qui plante (en l’occurrence Internet Explorer 10). Côté jeu, il n’y a pas encore grand-chose non plus. G5 Entertainment s’y est mis timidement en proposant deux jeux. On retrouve aussi le célèbre Démineur (qui n’est pas disponible de base, même sur un Windows 8 custom). Il y a d’innombrables petits jeux côtoyant les gros hits d’autres plateformes. Nous avions à l’époque de la sortie de l’OS, proposé un Top spécifique que nous vous invitons à relire. Pour devenir un sérieux concurrent au Mac App Store ou même au marketplace Windows Phone, il va falloir patienter encore un peu. Microsoft ayant tout de même eu la bonne idée d’unifier ses outils de développements afin qu’un développeur puisse porter simplement ses applications sur le Store Windows 8, on peut espérer du mieux de ce côté d’ici quelques mois. Actuellement, non, Windows 8 RT n’est pas l’OS tactile qu’il faut privilégier pour jouer aux derniers jeux qui font l’actu. Encore heureux qu’il y ait les Cut the Rope et autres Angry Birds Star Wars, ils sont incontournable, et cela aurait été délirant de ne pas les avoir. Quant à l’interface, c’est mieux organisé que chez la concurrence, mais cela vient surement du fait qu’il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

L’XPS 10 de Dell : Ses qualités

Mais après cette incartade du côté de cet élément central qu’est le Windows Store, nous avons tout de même pu utiliser la tablette de Dell en utilisation « normale ». Lorsqu’on ouvre l’imposante boite qui renferme l’XPS 10, on trouve une tablette au format 16/9ème avec un écran de 10 pouces. L’écran est d’excellente qualité, c’est un véritable plaisir que de naviguer au sein de Windows. Il prend certes les traces de doigts, n’accepte pas non plus les gants pour être utilisé, mais l’expérience est vraiment satisfaisante. On est aussi surpris par la qualité du design. Si Dell n’a pas cherché à épater la galerie, elle propose quelque chose de relativement bon. Un revêtement arrière doux et plaisant au toucher, qui ne prend pas les rayures (ni les traces de doigts !), et un cadre argenté solide venant fixer le cadre noir autour de la dalle avec son dos. L’XPS 10 est aussi un exemple de fluidité. En interface Modern UI, Windows 8 se révèle très bon au toucher. Pas de Tegra 3 comme sur la Surface : Dell a en effet fait le choix d’un processeur Qualcomm Snapdragon S4 dual-core cadencé à 1,5GHz. Bon, autant qu’on se le dise, la différence n’est pas flagrante entre les deux, et la plupart des applications se lancent très rapidement, on passe d’un menu à l’autre facilement. Si Modern UI n’est pas un exemple d’intuitivité - il vous faudra un temps d’adaptation pour comprendre les gestes tactiles les plus classiques - on se plait à effleurer l’interface à la découverte de nouveautés. On peut avoir d’un balayement horizontal au menu « démarrer », ou au reste de l’interface que vous ne souhaitez pas voir en premier lorsque vous allumez la tablette. Au niveau des à-côtés, on retiendra la présence d’un port Micro-SD que nous vous signalions plus haut, ainsi qu’un port pour une carte Sim (qui n’était pas disponible sur notre exemplaire de test cependant), sans doute pour préparer l’arrivée d’une version 3G. Le WiFi est de toute façon de rigueur, et il est possible de connecter votre mobile en mode modem lors de vos déplacements. Notez qu’elle est aussi livrée avec plusieurs accessoires pour mettre l’affichage en HDMI par exemple, du côté des connecteurs, on fait un véritable bon en avant par rapport à l’iPad et à son unique port Lightning et à ses accessoires beaucoup trop onéreux. Mais l’un des gros points forts de l’XPS 10, c’est sans aucun doute son autonomie. Avec ou sans clavier, on peut l’emmener facilement avec nous et profiter d’une première batterie au sein de la tablette, et ne pas hésiter à profiter de la seconde intégrée au clavier (nous revenons sur cet accessoire un peu plus bas). Nous avons pu tenir quasiment une quinzaine d’heure avec ces deux éléments et en utilisation normale avec quelques appels Skype, de la navigation, de la vidéo, des photos grâce à la webcam intégrée ou encore du jeu. Chapeau.

L’XPS 10 de Dell : Ses défauts

On aurait tendance à mettre le plus gros défaut de la tablette sur Windows 8 RT. En cause, la pauvreté du catalogue du Windows Store (voir plus haut), l’impossibilité de pouvoir installer d’autres logiciels ou encore l’improbable affichage de l’OS en mode portrait. C’est simple : sauf si vraiment vous le voulez, Windows refusera catégoriquement de vous proposer quelque chose d’intéressant dans ce mode. Et de toute façon, l’affichage en 16/9ème ne permet pas de se sentir à l’aise dans cette position. Certaines apps manquent aussi d’une intégration pleine, on pense à la suite Office, qui est offerte. Bien évidemment, c’est quelque chose de très plaisant vu le prix de cette dernière, mais l’interface n’est pas du tout optimisée pour Modern UI. Oh, les boutons sont certes un poil plus gros, mais entièrement au tactile, n’espérer pas vous en sortir. C’est là qu’entre en jeu le clavier. Celui a la très bonne idée d’apporter des ports USB supplémentaires et une batterie offrant une très bonne autonomie, mais il est loin d’être pratique en l’état. Déjà par son prix, puisque si vous souhaitez vous l’offrir, il faudra rajouter plus de 100€ à la facture. Ce qui était une tablette accessible devient carrément quelque chose de trop onéreux. Notons toutefois que c’est exactement la même politique que pour la Surface, et que le prix est compréhensible grâce à ses fonctionnalités supplémentaires. Toutefois, on regrette que contrairement à la tablette, Dell n’ait pas fait le choix de composants moins cheap. C’est en plastique, ça se voit, ça se sent, même si la frappe est agréable, car peu audible, mais tout de même ! Par ailleurs, on a parfois eu des soucis à installer la tablette sur son dock ou même à l’enlever. Il y a un petit lock, mais celui-ci ne fait pas le travail correctement, si bien que rien que pour la remettre, il faut parfois s’y reprendre à plusieurs fois. Ce n’est pas aussi naturel quand pour le HP Envy (qui fonctionne de son côté sous Windows 8 Pro). Si vous osez récupérer l’XPS 10 aussi rapidement que dans la pub de HP, vous risquez tout simplement de briser le lock en plastique qui retient la tablette… Et une fois sur son socle, nous avons été victimes d’un bug pour le moins gênant. Difficile de vérifier si le bug provient de Windows 8 ou de la tablette en elle-même, mais parfois, quand nous voulions passer à une utilisation au clavier et que l’écran se mettait en veille, l’écran tactile devenait inopérant, tout comme les points de contact qui « tapaient » bien à côté de ce que nous voulions faire. Résultat : impossible de quitter la veille ou de faire défiler l’interface et obligation de redémarrer la tablette en forçant le redémarrage. Concernant ce dernier point, si Microsoft a fait du bon travail pour améliorer la réactivité de son OS, il faut admettre qu’il y a encore du travail à faire. Bien sûr, si vous vous y prenez bien, il ne vous sera jamais vraiment nécessaire de l’éteindre, mais lorsqu’un bug survient comme celui que nous vous expliquions plus haut, il est obligatoire d’en passer par un redémarrage qui peut s’avérer très long, même en démarrage classique.

Le mot de la fin

Un mot avant de terminer, sur le bureau classique, accessible via une icône dédiée sur l’interface Modern UI. S’il n’est pas très utile, car vous ne pourrez de toute façon pas installer quoi que ce soit d’autre sur Windows 8 RT, cela permet lorsque vous êtes avec le clavier de retrouver certaines marques. Certes, il n’y a pas de menu démarrer « classique », mais ce n’est qu’un caprice et on trouve vite le coup de main pour passer outre. On est toutefois surpris par la présence d’applications en double et même meilleure que les versions Modern UI. Internet Explorer 10 n’a par exemple rien à voir avec son penchant tactile en termes de réactivités. On a clairement une préférence pour l’utilisation sur bureau, mais les deux versions comportent les mêmes bugs. Ainsi, en allant chez nos confrères de PCInpact, on se retrouve sur la version mobile du site… ce qui pourrait être compréhensible sur la version Modern UI ne l’est pas du tout sur Internet Explorer 10 classique. Et même en mode « forcing » pour afficher les sites normaux, cela ne fonctionne pas à tous les coups.

Test du Dell XPS 10


Les plus

+Interface fluide
+Belle finition
+Beaucoup de ports
+Grosse autonomie
+Bonne webcam

Les moins

-Windows Store vide
-Clavier cheap
-Les bugs du tactile
-Démarrage très long
-Prix tablette/clavier

L’XPS 10 de Dell est un bon produit si on le prend seul. Possédant une excellente finition, des ports à n’en plus finir qui raviront les amateurs de photos, et une fluidité impeccable, cette tablette est une réelle alternative à l’iPad. On peut y rajouter un clavier certes très onéreux, mais proposant une seconde batterie, des ports supplémentaires, une bonne qualité de frappe et un bon trackpad. On regrette quelques bugs, comme les points tactiles parfois inopérants et l’aspect cheap du clavier moins pratique et moins naturel quand vous voulez passer d’une configuration dock ou non. Le plus gros défaut est donc vraiment Windows qui n’est pas encore entièrement adapté à une utilisation tactile en dépit des améliorations de Microsoft. Le Windows Store doit encore grandir, c’est un fait indéniable, la suite Office loupe le coche et se révèle inutilisable lorsque vous voulez taper quelque chose en tactile (l’app se lance d’ailleurs sur le bureau classique)… on conseil bien évidemment la tablette, car les principaux hits des smartphones s’y trouvent, mais si vous la voulez pour une utilisation bureautique, il faudra encore faire des efforts.