Penumbear est le troisième titre de Taco Graveyard, le studio à qui l'on doit le très original jeu musical Four Hats. Pour cette nouvelle incursion dans le domaine du jeu vidéo, ils ont opté pour un gameplay plus classique à base de plateformer et de puzzle-game. Toutefois, ils n'ont pas oublié de saupoudrer le tout d'une bonne dose d'originalité en introduisant le concept des plateformes d'ombre et de lumière. Un vrai plus qui apporte un bol d'air frais au genre et qui rend le jeu particulièrement attrayant.

De l'ombre à la lumière

Les jeux utilisant les sources lumineuses au sein de leur gameplay sont assez rares et si l'on se souvient de Helsing's Fire c'est à peu près le seul que l'on puisse citer. On peut donc dire que Bulkypix a fait le bon choix avec Penumbear, qui a le mérite de titiller notre curiosité. Le gameplay de base est pourtant très simple puisqu'assez classique. On dirige un ourson (koala?) dans des niveaux remplis de plateformes via des contrôles basiques. Deux touches pour le déplacer à droite et à gauche et une autre pour sauter. Mais attention, à l'instar d'un Kung Fu Rabbit, basique ne veut pas dire sans profondeur. Au fur et à mesure de la progression, on découvre de nouvelles possibilités comme le double saut, la course, mais aussi l'activation d'interrupteurs. Ces derniers ont la particularité de contrôler des sources de lumière qui vont générer des zones d'ombres en illuminant les plateformes et obstacles. Ce faisant ils vont ouvrir un passage à notre personnage qui pourra marcher sur les cônes obscurs ainsi formés. Vous l'aurez donc compris, toute la subtilité de Penumbear provient de son utilisation subtile de cette mécanique afin de fournir des niveaux de plus en plus alambiqués qui demanderont réflexion et dextérité pour être terminés.

D'obscures raisons

On ne connait pas bien la trame scénaristique du jeu. L'histoire s'ouvre sur notre personnage abandonné dans un coin sombre d'un vieux château et baigné par une douce lumière bleutée. Alors qu'il semble inanimé, une luciole s'approche de lui et lui insuffle de la vie. On comprend ensuite qu'il va chercher à fuir la sombre demeure, mais c'est à peu près tout. Il faudra se construire son scénario à partir des bribes de textes et d'images que l'on pourra découvrir au fur et à mesure de notre progression. Ça n'est pas forcément une mauvaise chose et cela évite au moins les incohérences. L'objectif du jeu se veut tout aussi nébuleux et limpide à la fois. On apparait à l'entrée d'un niveau avec la nécessité d'y débusquer toutes les lucioles s'y trouvant. Il faudra ensuite atteindre la porte de sortie pour accéder au suivant. Les plus acharnés pourront essayer de débusquer les oursons en peluche cachés, mais il leur faudra une bonne dose de persévérance. Ils sont toujours placés dans des endroits tarabiscotés. Ce sont à peu près les seuls objectifs que l'on aura à remplir, ce qui pourra décevoir. Pas d'achievements Game Center, aucun partage de score, pas de monnaie virtuelle ni de boutique d'upgrade ou de customisation. C'est un peu léger, même s'il faut reconnaitre que les 100 niveaux qui composent l'aventure lui offrent une durée de vie conséquente. La rejouabilité est assurée par la collecte des oursons en peluche, mais on pourra se lasser un peu sur la longueur du fait du manque de contenu.

Un univers angoissant

L'un des atouts de Penumbear c'est son ambiance. Si l'on pourra regretter le style graphique naïf qui ne semble pas toujours maitrisé, on ne pourra pas dire que son ambiance soit ratée. La musique lancinante et pesante distille une atmosphère de rêve glauque et l'omniprésence de l'obscurité finit de créer une ambiance angoissante. L'histoire elle-même y participe avec ses zones d'ombres et son but inexpliqué. C'est simple on a l'impression d'avancer dans le noir et il est évident que c'est ce que recherchaient les développeurs. En revanche, de manière plus prosaïque, on pourra regretter le manque de diversité graphique avec des niveaux qui se ressemblent tous et qui entrainent une certaine redondance. Un point qui s'accompagne d'une grosse impression de vide puisqu'aucun accessoire ni meuble ne semble remplir le château. On trouvera juste quelques miroirs de temps en temps et quelques créatures au look peu inspiré. Dommage, car avec une telle ambiance il y avait moyen de fournir quelque chose de plus complet. Disons que Penumbear est un titre qui mérite que l'on s'y intéresse et qui gagnerait beaucoup à être peaufiné, voire complété.