Cyanide, le studio parisien réputé pour sa série des Pro Cyling Manager, se lance dans le grand bain des jeux iPad avec le portage de Cadwallon: La Cité des Voleurs, un jeu de plateau apprécié des joueurs.

Dans la cité de Cadwallon, tout ne fonctionne pas parfaitement. Les marchands s'enrichissent sur le dos des habitants et la misère rode au coin des rues. Une présence policière constante est donc de mise et n'est pas de trop pour lutter contre les gangs de voleurs qui se font la guerre dans les ruelles de la ville. Vous faites partie de ceux là et pour vous, le but du jeu est de parvenir à piller le maximum de trésors avant que les rues ne soient bouclées ou que les miliciens vous tombent dessus. Un concept aguicheur qui ne sera pas sans rappeler les titres d’infiltration et les jeux de rôle en tour par tour. D’ailleurs dans Cadwallon: La Cité des Voleurs, chaque joueur déplace les quatre membres de son gang en tenant compte du nombre de points de déplacement qu’ils possèdent et des sept point d’actions qui lui sont attribués à chaque tour.

Le paradoxe beauté /  lisibilité

Contrairement à beaucoup de portage de jeux de plateau (Cluedo, Ticket to Ride, Catane), Cadwallon: La Cité des Voleurs n’est disponible que sur iPad. Un choix stratégique qui semble évident pour un titre multijoueur ne disposant pas de mode solo et dont le plateau recèle beaucoup d’informations. Pourtant la première chose qui marque en découvrant le jeu, c’est son manque de lisibilité. L’ensemble est assez joli avec de belles illustrations et une interface travaillée, mais c’est beaucoup trop chargé. Les différents éléments composant le HUD sont disposés tout autour et prennent une place conséquente. L’ergonomie de l’iPad et la petitesse de son écran sont mal exploitées et on se demande bien ce qu’avait en tête l’équipe de développement en introduisant des données illisibles autrement qu’en zoomant manuellement. Il aurait été plus judicieux que les informations concernant les joueurs, apparaissent en gros lors de leur sélection, ainsi que le contenu des coffres lors de la phase de déplacement. On ne parle pas des pions modélisés en 3D qui sont simplement illisibles en dehors du zoom. Impossible donc, d’un simple coup d’œil, de savoir  quel personnage se trouve où. Laborieux pour qui veut préparer une stratégie de déplacement. C’est d’autant plus regrettable que le studio met en avant la 3D dans sa description iTunes alors qu’elle n’a aucune utilité en jeu et n’est pas du tout exploitée. Pourtant on connait le talent des graphistes du studio pour ce genre d’univers.

Perdre bêtement

Autre point délicat : les règles. Certes, un joueur de jeux de plateau est habitué à devoir passer par une longue phase d’apprentissage avant de jouer, mais ici, ce sont des joueurs casuals qui sont ciblés et ils ne sont pas réputés pour leur patience. Il leur en faudra pourtant, puisqu’ils vont devoir lire chaque chapitre de la règle du jeu pour en comprendre tous les mécanismes. Un tutoriel interactif aurait été bien plus efficace et dynamique. Heureusement, tout est en français. Certains points sont néanmoins mal expliqués dont un qui a une importance toute particulière et qui va certainement poser problème aux néophytes. Pour gagner, les joueurs doivent faire sortir de la ville leurs personnages et les butins qu’ils ont amassé. Toutefois, cette action n’est possible que lorsque l’alarme est déclenchée. De plus, il faut qu’ils se situent sur une case en bordure et il faut tapoter sur leur représentation en bas de l’écran. La mise en valeur de cet élément n’étant pas visible, il nous aura fallu trois parties pour comprendre son fonctionnement. Un point important puisque si les personnages ne sortent pas de la ville avant qu’elle soit bouclée, c’est le Game Over. Vous comprenez la frustration du joueur qui aura passé huit tours à amasser des butins et à survivre aux assauts de la milice et des autres joueurs pour finalement perdre la partie, juste parce qu’il n’avait pas compris comment sortir de la ville.

Du fun malgré tout

S’il est vrai que Cadwallon: La Cité des Voleurs souffre de plusieurs défauts gênants, il faut aussi reconnaitre que ça n’en fait pas un mauvais jeu pour autant. Après avoir compris les règles et s’être habitué à l’affichage, on découvre un jeu facile à prendre en main et rempli d’interactions. Chaque joueur va pouvoir gagner de différentes manières : soit en survivant et en dérobant le maximum de trésors, soit en utilisant les forces de ses personnages et en combattant ceux de l’adversaire pour lui voler ses trésors. On pourra également déplacer les miliciens pour tendre des embuscades et faire en sorte qu’ils enferment les opposants ou utiliser les cartes missions pour faire grossir son butin sans prendre de risques. Cadwallon: La Cité des Voleurs est donc très riche et pour peu que vous ayez deux amis sous le coude vous pourrez passer quelques heures à vous amuser. La rejouabilité est plutôt bonne en dépit d’un plateau de jeu figé et on appréciera la durée réduite des parties qui ne dépassent généralement pas les vingt minutes. En revanche on regrettera qu’il n’y ait pas de pile de sauvegardes pour les conserver et les reprendre plus tard.