Superbrothers: Sword & Sworcery EP, c'est une expérience vidéo-ludique unique qui rappelle certains grands hits des années 1990. Ainsi à l'instar de Another World ou Flashback, le titre de Capybara nous plonge dans une histoire passionnante pleine de rebondissements et merveilleusement mise en scène. L'univers original impressionne par son rendu pixel art d'un nouveau genre à la fois minimaliste dans son traité et extrêmement complexe dans le détail de ses nombreuses animations. Intriguant la première fois qu'on le lance, il nous dévoile des paysages enchanteurs qui invitent à la balade vidéo ludique. C'est d'ailleurs ce que l'on fait durant les premières minutes de jeu puisqu'un chien est notre guide lors de la traversée des premiers écrans.

Passée la claque du rendu visuel, il faut s'attendre au second effet kiss-kool. Très vite la première quête se met en place, il faut aller récupérer le MegaTome, objet de toutes les convoitises et support d'une puissante magie. Premier script, l'ambiance musicale s'installe sur des accords de guitare rock surprenants de créativité. L'immersion est instantanée et le principe d'addiction s'enclenche. Soutenu par des morceaux punchys et adaptés, le jeu prend une toute autre dimension et l'on se sent à la fois spectateur d'un film d'aventure et héros vaillant embarqué dans une sale histoire. Il faut dire que le scénario est un modèle du genre. Complexe et fouillée, l'intrigue n'est pas toujours évidente à comprendre et nous entraine dans des situations variées et surprenantes. On se retrouvera par exemple à devoir aller chercher une clef dans les limbes en plongeant notre personnage dans un profond sommeil. A un autre moment, il faudra calmer la tempête qui fait rage en découvrant des elfes sylvains (Ghibli n'est pas loin) cachés dans le décor. On ne sait jamais ce que sera notre prochaine action et c'est d'ailleurs l'un des moteurs du jeu. La curiosité de ce que l'on va découvrir au prochain chapitre.

Les dialogues sont savoureux, mais malheureusement hautement déconseillés aux anglophobes. En effet, l'un des points noirs du jeu est son cruel manque de localisation française. Il est intégralement en anglais et d'un niveau de langue relativement complexe. Heureusement il n'est pas nécessaire de tout comprendre. On ne reste jamais bloqué tant les mécanismes de jeu sont simples et bien amenés. Comme beaucoup de Point & Click Les Chevaliers de Baphomet – The Director's Cut en tête, il suffira de (double) tapoter à un endroit pour y envoyer le personnage ou pour le faire interagir avec un objet. Lorsque de nouvelles actions sont possibles, un mot en caractère blanc et gras apparait à coté du héros et donne une indication sur l'action à faire. Simple et intuitif cette méthode est aussi très ludique puisqu'au même titre qu'une énigme il faut trouver la manière de procéder.

C'est par exemple le cas lors de notre premier combat. Il faudra tourner l'iPad pour que le héros brandisse épée et bouclier et passe en mode action. Nerveux et dynamique, ces derniers nécessitent toujours de comprendre la manière dont va se battre notre adversaire. On se retrouve ainsi à parer et attaquer un loup alors qu'il faut user de son bouclier face au tout premier boss (hommage évident à la Triforce de Zelda). Pourtant tout se résume en un nombre très réduit d'interactions puisque lors des affrontements il n'y a que deux actions possibles, parer et attaquer. C'est le timing et l'emploi du bon geste face à la bonne situation qui fait le reste. Cette intelligente simplicité et l'omniprésence des énigmes au sein même du gameplay renforce l'attrait du jeu et son intérêt certain.

Jusque là, on ne peut être qu'émerveillé devant les qualités de Superbrothers: Sword & Sworcery EP. Les développeurs ont vraiment fait du bon boulot et il faut avouer que même si le registre est différent, on peut déjà classer ce jeu aux cotés d'un Dead Space ou d'un Real Racing 2. Des titres à la fois impressionnants techniquement et incroyablements funs. Cependant et comme toujours, quelques défauts viennent gâcher la fête. Le premier d'entre eux n'est autre que le rythme du jeu. Construit comme une poésie Sword & Sorcery se savoure lentement, mais les nombreux va et vient du personnage deviennent vite lassants et son incapacité à courir finissent par énerver. "Mais cours bordel!!"

Par ailleurs, si les combats sont particulièrement nerveux il faut aussi reconnaitre qu'ils sont relativement peu nombreux ce qui renforce l'impression de mollesse du titre. A laquelle il faut ajouter une narration lourdingue dans un anglais pas toujours limpide qui en rebutera certainement plus d'un. Et que dire de cette fausse bonne idée que de devoir faire pivoter l'iPad pour passer en mode combat ou inventaire. Aisé mais désagréable avec un iPhone, le mouvement devient carrément énervant avec l'imposant iPad entre les doigts. Espérons que les développeurs revoient ce point d'ergonomie dans une mise à jour. Il pourraient d'ailleurs aussi penser à intégrer un réseau social comme Open Feint ou Game Center ainsi que quelques succès. Sans être obligatoire, le jeu gagnerait encore en intérêt.