Journey to Hell est un jeu de tir à la troisième personne développé par la petite équipe toulousaine de Dog Box Studio. C'est leur seconde collaboration avec l'éditeur Bulkypix après le sympathique mais dispensable Chicken Doom.  Pour ce nouveau titre, les développeurs sont revenus à leurs premiers amours en optant pour un univers sombre et des graphismes réalistes. De fait, le titre se veut mature mais pas prise de tête. Comme ils nous l'avaient expliqué lors de notre interview, Journey to Hell puise son inspiration dans les films de genre des années 1990 et se veut instinctif et débridé. Posez votre cerveau et armez votre shotgun !

L'enfer sur Terre

L'histoire débute tambour battant, puisqu'après avoir choisi son personnage on se retrouve devant un vieux Motel au look crasseux et peu avenant. Pas le temps de souffler, une horde de créatures démoniaque fait son apparition et il faut se lancer tête baissée dans l'action. Une mise en bouche détonante qui offre au jeu un rythme soutenu et lui évite des cassures de rythme. Toutefois, on pourra regretter que le scénario ne soit qu'un prétexte à enchainer les niveaux et que la mise en scène soit aussi bancale. Au cours de l'aventure, on aura souvent l'impression que les différents environnements traversés ont été définis avant même qu'une quelconque trame scénaristique ne soit posée. L'immersion en prend un coup, mais heureusement le jeu est fun et les commandes intuitives permettent de s'éclater très vite et d'oublier ce défaut. On se surprend d'ailleurs à enchainer les headshots sans difficulté, alors que bon nombre de TPS tels que 9mm ou Shadowgun souffrent souvent de la maniabilité à l'écran tactile. Seul petit défaut, les zones actives des boutons d'action sont trop grandes et il arrive que l'on tire en voulant seulement déplacer le viseur. Heureusement, on finit par s'habituer et après quelques minutes nos doigts se positionnent tout seuls pour contourner le problème. On note au passage quelques petites subtilités de gameplay qui améliorent grandement les contrôles comme la possibilité de faire un demi-tour rapide en double tapant sur l'écran.

Du feu et des cendres à tous les étages

S'il est un point sur lequel Journey to Hell est inattaquable, c'est sur son ambiance. Les environnements visités sont nombreux et variés et offrent une réelle diversité graphique. On passe d'une casse au fin fond du Nevada à un tanker en pleine mer, sans oublier une ballade sous les arcades d'un cloitre et un sympathique final dans un zeppelin. Les décors ne sont pas les seuls éléments réussis, le bestiaire est lui aussi très convaincant et semble osciller entre les créatures de Silent Hill et celles de HellBoy. En revanche on ne peut pas en dire autant de la technique. Le moteur graphique permet quelques prouesses comme l'affichage simultané de dizaines de créatures, mais souffre d'un manque de finesse et de détail des modèles. La bande-son est elle aussi en déca, avec des sonorités de métal hardcore qui collent bien à l'action, mais qui remplissent les oreilles plus qu'elles ne soutiennent l'ambiance. Vraiment dommage d'autant qu'une belle innovation technologique avait été mise en place. À l'instar de Ronin, le son est géré de manière procédurale. C'est-à-dire qu'il évolue en fonction de l'action et des événements en jeu. De fait plus on progresse dans une situation stressante plus les musiques auront tendance à s'emballer alors qu'à contrario, elles se calmeront pour distiller une atmosphère lugubre lors des passages plus calmes. Autre point à noter, les nombreux bugs qui entachent sérieusement la qualité du titre. On ne doute pas que Dog Box va se démener pour proposer des correctifs rapidement, mais en l'état Journey to Hell perd un point sur sa note finale.

Une guerre pour l'éternité

L'un des points forts de Journey to Hell provient de son contenu. La durée de vie est conséquente et il faudra presque cinq heures pour venir à bout de l'histoire. On y reviendra avec plaisir pour découvrir l'aventure avec le second personnage et  pour collecter plus de monnaie afin de débloquer l'ensemble des compétences et armes disponibles. Mais ce n'est pas tout, le jeu intègre deux modes de jeu supplémentaires. En survie, on pourra rejouer chaque niveau avec pour objectif de rester en vie malgré les vagues incessantes d'ennemis, alors qu'en mode treasure on pourra revisiter certains décors en vue à la première personne. Un détail qui offre au jeu une toute nouvelle dimension, puisque les développeurs ont opté pour une maniabilité particulière. On contrôle la caméra grâce à l'accéléromètre et il faut alors déplacer son périphérique dans l'espace pour contrôler le regard du personnage. On se surprend alors à fouiller les environnements à la recherche des trésors cachés en se déplaçant avec son iPad / iPhone et en oubliant complètement que l'on est dans un jeu. Une excellente trouvaille qui mérite à elle seule l'acquisition de Journey to Hell.