Malgré toute l’affection que l’on peut avoir pour le rétrogaming, impossible de nier que beaucoup de vieilles perles ne tiennent plus la comparaison avec leurs homologues plus modernes. C’est particulièrement vrai avec les tout premiers Dragon Quest. Les combats étaient affreusement répétitifs et rendaient l’exploration trèst pénible, et certains personnages étaient clairement sous-développés comparé à ceux d’autres RPG de l’âge d’or. Quelques uns de ces éléments sont toujours d’actualité pour les épisodes IV, V et VI, avec des combats hyper statiques où on se contente d’appuyer sur le bouton d’attaque avant d’attendre le prochain tour. Parfois, on est amené à lancer un sort. C’est sympathique pendant quelques minutes, avant de devenir répétitif. Ce constat s’applique également à Dragon Quest VI, et aussi à son prédécesseur. Mais comme vous le savez probablement, DQ V a obtenu chez nous la note de 9/10. Pourquoi ? Parce qu’il débordait de vie avec des personnages fascinants, tout en étant porté par une intrigue douce-amère faite de rires et de larmes. Sans parler du character design du dessinateur attitré de la saga, Akira Toriyama, dont le travail sur ce sixième volet ne vous aura pas échappé. Rappeler son extraordinaire contribution à la saga et au manga en général (comme la très célèbre épopée d'un petit garçon à la queue de singe, par exemple) serait presque une insulte à son égard.

Dragon Quest VI parvient à faire à peu près la même chose, mais peut être pas aussi bien. Bien sûr, la représentation de la fantasy est pleine de charme et a ses fulgurances, comme ce roi si occupé qu’il ne dort jamais. Des petites touches qui donnent de la vie à ce monde. Deux mondes en fait, à partir du moment où l’action passe du monde « réel » à une version encore plus propice à la rêverie. La World Map déjà très vaste double carrément de volume. Passer d’un monde à l’autre afin de rencontrer tous les personnages et les objets dont vous avez besoin est une des piliers de la quête. Ceci implique une certaine accumulation de personnages qui rejoindront votre équipe. Mais ils sont bien plus développés que ceux des premiers DraQue cités plus haut et ne se contentent pas d’être un amas vulgaire de statistiques et compétences. Ils ont une forte personnalité qu’on apprendra à connaître et aimer avant même qu’ils ne rejoignent le groupe. Dommage qu’il n’en soit pas de même avec la plupart des PNJ rencontrés, assez génériques.

Pour pouvoir voir du pays et rencontrer tous ces gens, il va falloir grinder. Parfois jusqu’à en rôter du sang et chialer de détresse. Un autre vestige des premiers RPG japonais qu’on aimerait voir moins souvent. L’exploration en devient fastidieuse, surtout que les combats « classiques » sont loin d’être passionnants. Evidemment, on aura de temps en temps affaire à des boss dans des combats bien plus épiques qu’à l’accoutumée. Il faudra les battre pour progresser, et pour ça on se remet à tourner en rond afin de gagner des niveaux, encore et encore. Mais si Dragon Quest VI est bourré de défauts, il a autant de charme à revendre. Les fans de J-RPG connaissent ces défauts et font avec depuis des années, et ils ont probablement raison. Si les autres seront sûrement plus sensibles à ces défauts, le souffle épique et la rêverie qui s’en dégage transpire par tous ses pores et fait passer la pilule de l’incontournable et cruel leveling. Néanmoins, on vous conseille d’attendre une baisse de prix car comme d’habitude avec les portages de Square Enix, l’addition reste salée.