Pour vous situer tout de suite à quoi ressemble ce Rage, je vais prendre trois exemples. Les deux premiers, issus des jeux vidéo, le troisième du cinéma. Rage est un jeu de tir à la première personne : l’action proposée est vue par les yeux du personnage que l’on incarne. Mais nous ne sommes pas pour autant dans un FPS comme Doom ou Call of Duty. Non, ici le jeu est plutôt un Resident Evil mâtiné d’un The Club, jeu sorti sur PC, Xbox 360 et PS3 et développé par Sega en 2008.

Voilà pour resituer le jeu. Côté scénario on est proche du film Le Prix du Danger, d’Yves Boisset (1983). Dans une société futuriste, un jeu télévisé fait un carton au niveau des audiences : un inconnu, lâché dans la nature, doit éviter des hommes venus pour le tuer. S’il réussit, il empoche beaucoup d’argent… Rage reprend donc cette trame de jeu : on incarne un personnage lancé dans différents niveaux infestés de monstres en tout genre. Armes et munitions sont disponibles un peu partout, il n’y a qu’à se servir. Oui, un peu comme à la cafet’ le midi. Sauf qu’ici les plats sont encore moins digestes… Si, c’est possible !

A l’instar deDOOM Resurrection, Rage est un rail-shooter, comprenez un shoot’em up dans lequel vous n’avez pas à vous soucier du contrôle de votre personnage : il se déplace tout seul comme un grand dans les niveaux et s’arrête quand des ennemis font leur apparition. Tout est scripté avec une précision d’horloger suisse et les parties sont strictement identiques les unes aux autres à chaque nouvel essai : les monstres apparaissent toujours aux mêmes endroits et les armes, comme les munitions, se trouvent systématiquement aux mêmes emplacements. Bonjour la liberté de mouvements !

Le seul moment où l’on fait à peu près ce que l’on veut c’est lorsque les animations s’arrêtent et que l’on fait face à ses assaillants. On déplace son réticule sur les ennemis et on fait feu. Et si le jeu nous en laisse le temps, on a le temps de récupérer de nouvelles armes, des munitions ou un peu d’argent dans le niveau. Pour l’occasion, il faut reconnaître que les mouvements sont plutôt précis : tout se joue avec l’accéléromètre de l’iPhone. Il suffit simplement de basculer et d’incliner son mobile dans une direction pour que le réticule fasse de même à l’écran. On presse le coin bas droit de l’écran pour tirer ou pour se saisir d'un objet. Ni une, ni deux, le tour est joué !

La prise en main, si aisée, contraste violemment avec cette gêne continuelle que l’on observe durant toute la partie. Ne pas pouvoir s'arrêter ou se diriger où l'on veut, c'est un peu comme un caillou dans une chaussure. Un peu énervant au début de partie, franchement agaçant après quelques minutes de jeu  ! Pourquoi ne pas avoir proposé un « vrai » FPS dans lequel le joueur est totalement libre de ses mouvements, libre de se déplacer où bon lui semble sans avoir à se sentir piégé dans un jeu où, finalement, il ne contrôle pas grand chose. Grosse frustration !

Et c’est bien dommage car graphiquement Rage tient vraiment la route ! Les graphismes, notamment sur un iPhone 4, en mettent plein les yeux. Les niveaux dans lesquels on évolue sont saisissants de réalisme. On se croirait vraiment dans un univers carcéral à l’abandon, voire dans un HLM voué à la destruction où tout est à en ruine. Ne manquent que le bruit et les odeurs comme disaient certains à l'époque. Ambiance glauque garantie ! Idem pour les ennemis que l’on croise. Si certaines parties du corps sont un peu cubiques et manquent de rondeurs, cela ne choque pas pour autant et on prend plaisir à regarder ce jeu.

"Regarder ce jeu", voici résumé en quelques mots le principal défaut de Rage. On est finalement plus spectateur qu’acteur. Reste que pour 0,79€, à peine le prix d’une baguette de pain frais, on en a quand même pour son argent. Rage, c'est un peu comme le jouet offert dans une Magic Box chez McDo. On sait que pour le prix qu'on le paye, il ne faut pas s'attendre à avoir un gadget high tech de haute performance. A prendre ou à laisser, c’est vous qui voyez !