Pour ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de jouer à Another World, une rapide présentation s’impose. Another World est un jeu d’aventure / plate-forme qui encore aujourd’hui possède une ambiance unique, due en particulier à l’absence totale de dialogue pendant le jeu et à la présence de nombreuses cinématiques et cut-scenes. Niveau gameplay, s’il ne possède aujourd’hui plus rien de très original, il a posé les bases de nombreux jeux de plate-forme dont le tout aussi célèbre Flashback et reste aujourd’hui un solide mélange de plate-forme et de puzzle.

On y incarne Lester Chaykin, un physicien qui, suite à un orage lors d’une expérience utilisant un accélérateur de particules, se retrouve transporté sur une autre planète peuplée de créatures hostiles. A peine rescapé d’une énorme bête noire, on va se retrouver capturé par les humanoïdes du coin et notre objectif sera alors de s’échapper de la prison où l’on se retrouve.

Si la qualité du titre original ne fait aucun doute, que reste-t-il donc d’Another World aujourd’hui ? Beaucoup, c’est certain. Graphiquement basé sur la version améliorée de 2006, le jeu est très beau et possède toujours une ambiance particulièrement réussie. Les graphismes HD réussissent à concilier à la fois un coté rétro de part la palette de couleurs réduite utilisée et un coté moderne par la disparition des gros pixels du jeu original. Les fonds unis de la première version sont habillement remplacés par des décors plus détaillés qui ajoute une grande profondeur aux niveaux, sans dénaturer le style original. Une réussite ! Pour les nostalgiques, il est cependant toujours possible de passer d’une version à l’autre en faisant glisser deux doigts sur l’écran.

Portage oblige, Another World 20th Anniversary Edition sur iOS pose la question des contrôles, toujours délicate pour un jeu conçu à la base pour être joué au clavier. Heureusement, ce sont les développeurs de DotEmu, spécialistes de l’émulation et du portage de vieux jeux, qui se sont chargé de l’adaptation sur iPhone / iPad. AW propose deux modes de controles : le classique stick virtuel plus bouton action, ou un mode de contrôle entièrement tactile. Ce dernier possède l’avantage de ne pas du tout obstruer l’écran et de conserver un jeu complètement dénué d’interface, ce qui est visuellement plus agréable. Cependant, lorsque l’on joue, on a inévitablement ses doigts sur l’écran, l’intérêt est donc limité. Dans ce mode de contrôle, on déplace Lester en touchant un coté de l’écran et en double tapant pour le faire courir, et l’on saute et se baisse en glissant vers le haut ou le bas d’un doigt.

Les deux modes de contrôles sont bien réactifs et offrent un style de jeu assez différent. Le mode touch est plus intuitif et l’on peut difficilement mal placer ses doigts ; le mode pad virtuel est plus réactif (pour les sauts notamment), ce qui s’avère crucial pour de nombreux passages très exigeants en termes de timing.

Lors de sa sortie, Another World était en effet un jeu difficile, à une époque ou l’apprentissage par l’échec était bien plus courant que dans les jeux d’aujourd’hui. Ne vous attendez pas à un tutorial, ou une mission d’entrainement où l’on vous prend par la main pour vous expliquer qu’il faut se cacher derrière un rocher pour récupérer sa vie. C’est peu dire qu’en jouant à AW vous aller mourir des dizaines de fois et recommencer en boucle des passages du jeu, d’abord pour comprendre ce qu’il faut faire, puis ensuite pour réussir à le faire.

De nombreux jeux récents possèdent quelques passages difficiles que l’on doit recommencer plusieurs fois avant d’y arriver. Another World est quasiment uniquement composé de passage dans ce genre là. Un saut un peu trop tôt ou trop tard et l’on finira dévoré par une créature, un bouclier activé 1s trop tard et l’on se retrouve immédiatement désintégré, etc. L’erreur ne pardonne pas dans AW. Fort heureusement, les points de sauvegarde automatique sont assez fréquents.

Le seul véritable problème d’Another World est que les contrôles tactiles, aussi bien réalisés soient-ils, n’offrent pas la précision ou la réactivité de contrôles physiques. En plus de mourir parce que le jeu est difficile, ce qui est un peu frustrant, on meurt aussi parce que le jeu ne réagit pas comme on veut quand on veut, ce qui est très frustrant. Si ma conscience professionnelle ne m’avait pas poussé à continuer toujours plus loin pour les besoins du test, j’aurais sans doute laissé tomber le jeu après avoir recommencé certains passages des dizaines de fois. Et pourtant j’aime les jeux difficiles. Vous aurez été prévenus !

A part ce problème de difficulté accentuée par les contrôles tactile, cette version iOS d’Another World conserve toute la splendeur de l’œuvre originale, et même un peu plus puisqu’elle y ajoute 13 succès GameCenter et deux modes de difficulté supplémentaires (difficile et hardcore). Si un peu de difficulté ne vous fait pas peur, Another World est un jeu indispensable à toute bonne ludothèque iOS.