Avant toute chose, un petit disclaimer s'impose. Sans être un fan inconditionnel de la série, votre serviteur est un amoureux des tout premiers Sonic sortis sur Megadrive. Et si la série s'est quelque peu perdue après les épisodes Adventure sortis sur Dreamcast et GameCube (les exceptions notables étant les très bons Colours et Generations), il a néanmoins conservé un certain attachement envers le hérisson qui représentait le summum du cool au début des années 90. Si je prends le temps d'expliquer ceci avec un petit #3615mylife c'est pour une raison très simple : Sonic Mania est un épisode fait par des fans pour des fans, et votre rapport à la série est sans doute ce qui influera le plus votre jugement. En clair, si vous n'aimez pas Sonic vous pouvez d'ores et déjà changer de page, car Sonic Mania ne changera pas d'un iota votre point de vue sur la franchise. En revanche, si comme moi votre enfance a été bercée par les épisodes sortis sur Megadrive, vous pouvez vous préparer un bon café/thé/chocolat chaud et lire ce qui suit, car ceci est fait pour vous. 

Une des grandes particularités de ce Sonic Mania est qu'il n'a pas été développé par la célèbre Sonic Team mais par un fan nommé Christian Whitehead. Rassurez vous, il ne s'agit pas d'un fan lambda car Whitehead s'est fait connaître pour avoir crée plusieurs fangames tirés des classiques du hérisson. Repéré par Sega, ces derniers l'ont ensuite embauché pour développer des portages des épisodes Megadrive pour les mobiles et machines modernes, ce qu'il fit avec succès. La firme lui donna ensuite carte blanche pour réaliser un épisode inédit dans le but de redonner à la franchise son aura d'antan et réconcilier les fans avec la série après des années d'errance. Exit la 3D et le Sonic moderne, et place au hérisson mignon et rondouillard ainsi qu'aux bons vieux sprites et mélodies chiptune de l'époque 16 bits. Les graphismes, les musiques et le level-design de ce Sonic Mania sont donc fortement inspirés des épisodes Megadrive, à tel point que parfois l'on peut avoir l'impression de les retrouver à l'identique. Et d'une certaine façon c'est le cas, car si on trouve un certain nombre de niveaux inédits, on retrouve également une sélection des niveaux les plus cultes et appréciés des fans (comme le célèbre Green Hill de Sonic 1 ou le Chemical Plant de Sonic 2), remixés pour l'occasion. Les niveaux sont maintenant divisés en deux actes, le premier étant quasiment une copie carbone de l'original, tandis que le deuxième proposera de nouvelles directions et un tout nouveau level-design. 

Et histoire d'être on ne peut plus clair, on n'a jamais autant pris notre pied à jouer à Sonic. La physique des épisodes Megadrive est respectée au pixel près, et traverser les niveaux à toute berzingue est toujours aussi plaisant. Les références et autres easter-eggs sont également présents en nombre, et le titre réserve un bon paquet de surprises destinées aux fans qu'il serait criminel de dévoiler. Le jeu n'oublie pas non plus de faire plaisir à nos yeux et à nos esgourdes : les graphismes 16 bits sont splendides et en tous points fidèles aux épisodes Megadrive, tandis que les musiques - qu'ils s'agissent de remixes ou de nouveaux thèmes - en font une des meilleures bandes-son de la série. En clair, Sonic Mania est une lettre d'amour envers la franchise et si vous avez grandi avec le hérisson et la Megadrive, il vous sera impossible d'y résister. Sonic Mania c'est un peu comme un best-of de votre artiste préféré, auquel on aurait rajouté des inédits géniaux. Et c'est là qu'on en vient au principal problème du jeu. Si il se hisse sans problème au panthéon des meilleurs jeux du hérisson, ce fangame officiel ne convaincra en aucun cas les réfractaires de la licence. Car si on retrouve toutes les qualités des premiers jeux, on retrouve aussi tous leurs défauts. L'action parfois confuse, les morts frustrantes et parfois injustes, l'inertie parfois difficile à appréhender du hérisson sont autant d'éléments qui auraient pu et auraient dû être améliorés. 

Il n'y a rien de honteux à proposer un Sonic old-school pour faire plaisir aux fans, mais il aurait été appréciable de voir ces défauts gommés (ou du moins atténués) et pourquoi pas de nouvelles mécaniques de gameplay afin de donner un vrai nouveau départ à la série. En un sens, on aurait aimé que Sonic Mania soit à Sonic ce que Rayman Origins fût à la saga Rayman, à savoir un jeu qui reprend les meilleurs éléments de la licence tout en effaçant certains défauts et en ajoutant de nouvelles idées pour proposer quelque chose de nouveau et de frais. Mais tant pis, ce sera peut-être pour une prochaine fois. Même si il sent un petit peu la naphtaline, ce Sonic Mania réussit tout de même à redorer le blason de la série et à réhabiliter le hérisson en tant que véritable icône du jeu vidéo. Si il est très loin de remporter le titre de jeu de l'année, on a affaire au meilleur jeu de la licence depuis Sonic CD et un des meilleurs titres de l'année 1995.