Vu de l'extérieur, Night in the Woods a l'air d'un jeu d'aventure tout à fait intéressant doté d'une superbe direction artistique. Ce n'est qu'après quelques heures qu'on réalise qu'il est bien plus que cela. En dépit de son univers coloré et le design anthropomorphe de ses personnages, les problèmes et les situations auxquels ces derniers font face devraient résonner chez nombre de joueurs. 

L'histoire de Night in the Woods tourne autour de Mae Borowski, une jeune femme fraîchement sortie des bancs de la fac qui retourne dans sa ville natale de Possum Springs. En retrouvant ses amis d'enfance, elle réalise toutefois que ces derniers ont évolué différemment. Bea, Gregg et Angus ont tous des jobs à temps plein tandis que Mae erre jour après jour à la recherche de quelque chose à faire. Et en général, cela consiste à déranger ses amis à leur travail, aller à des répétitions de groupe ou organiser des soirées. Le jeu met un certain temps à démarrer, mais cette lenteur est essentielle à l'intrigue. Chaque journée qui passe permet de connaître davantage les personnages et d'en apprendre plus sur Mae, sa famille, et les problèmes plus ou moins graves que traversent ses amis. Le jeu traite énormément du passage à l'âge adulte, cette période où l'on doit grandir et apprendre à assumer ses responsabilités. Sous cette histoire d'incertitudes sociales, professionnelles et personnelles, se cache un aspect très sombre qui ne se révèle que durant les dernières heures du jeu. 

Histoire d'en dire un peu plus, deux des personnages principaux sont gays, Mae est bisexuelle et de nombreux protagonistes ont connu une enfance trouble et ont parfois été victime d'abus. Night in the Woods aborde également les thèmes de la dépression, de l'anxiété ainsi que d'autres que nous ne dévoileront pas pour ne pas vous spoiler. Toutefois, le jeu ne sombre pas non plus dans le misérabilisme, loin s'en faut. L'écriture est tout simplement brillante, les blagues sont marrantes, les confessions bouleversantes et les dialogues entre les différents personnages de ce groupe d'amis paraissent très naturels et crédibles. Quant à la musique composée par Alec Holowka, elle accompagne très bien les pérégrinations de nos protagonistes. Bien que le jeu soit avant tout guidé par sa narration, vous trouverez également quelques mini-jeux auxquels vous pourrez prendre part.

Si le jeu est excellent, on trouve tout de mêmes quelques petits soucis de performances sur Switch. Les temps de chargement, sans vraiment casser l’ambiance, sont parfois assez gênants surtout qu’ils sont très fréquents. De plus, le framerate a quelque peu tendance à toussoter lorsque la console est en mode Dock. Le jeu en lui-même a un rythme plutôt lent, qui ne conviendra pas à tous les joueurs et le mini-jeu de la basse a une courbe de progression un peu trop abrupte, même si elle peut s’expliquer par le scénario. Mais ce n’est rien comparé à la qualité globale de l’expérience et les auteurs Bethany Hockenberry et Scott Benson doivent être salués pour l’excellente écriture du titre. Le seul véritable problème concerne l'absence de version française, qui risque de laisser un certain nombre de joueurs anglophobes sur le carreau. Mais si vous n'avez pas de soucis particuliers avec la langue de Shakespeare, on ne peut que recommander ce jeu aux fans d’expériences narratives, qui vaut chaque centime que vous y aurez investi.