Quel est votre Zelda favori ? Quel épisode de la saga fantastique et épique de Nintendo se situe au plus près de votre petit cœur ? Peut être qu'il s'agissait de votre première expérience avec la série, voire même votre tout premier jeu d'aventure. Peut-être même que sa sortie coïncidait avec cette période où vous construisiez petit à petit votre identité. Pour votre serviteur, The Legend of Zelda: Link's Awakening, sorti en 1993 sur la 1ère Game Boy coche toutes ces cases. C'est donc avec excitation et impatience que j'ai approché son remake sur Nintendo Switch. 

La médaille d'argent accolée à ce test devrait vous indiquer que ce Link's Awakening sur Switch est un très bon jeu. Mais il est surprenant de constater que la plupart de ses qualités proviennent directement du matériau d'origine. The Legend of Zelda: Link's Awakening est sorti pour la première fois en 1993 - puis ressorti 5 ans plus tard sur Game Boy Color en version DX - et il partage une bonne partie de son ADN avec le séminal A Link to the Past sorti un an plus tôt sur Super Nintendo. Bien qu'étant plus condensé et direct - on parle d'un jeu conçu spécifiquement pour une utilisation nomade -, Link's Awakening avait même quelque chose d'unique par rapport à ses prédécesseurs, voire même de bizarre. On se retrouvait tout de même devant un Zelda situé dans un territoire étrange et inconnu qui n'était pas Hyrule et où la princesse Zelda et le vilain Ganon sont à peine mentionnés. Autre spécificité, le jeu reprenait également beaucoup d'éléments issus de l'univers de Mario avec des petites sections plates-formes en vue de côté, ainsi que des ennemis et caméos directement tirés du Royaume Champignon. Plus important encore, Link's Awakening avait une histoire dans laquelle on se sentait très investi, dotée d'un ton très mélancolique et qui parvenait régulièrement à nous surprendre. 

Certes, j'ai passé tout un paragraphe à décrire le jeu original, mais cela est tout à fait approprié ici. Car contrairement à ce que ses graphismes tout choupimignons laissent penser, Link's Awakening sur Switch est quasiment identique au titre de 1993. Structurellement, il est conçu de la même manière, avec les mêmes 8 donjons disséminés sur la même carte du monde, chacun contenant les mêmes énigmes. Même le script n'a pas changé d'un pouce. Link peut se déplacer dans 8 directions (bien que les contrôles reposent sur le stick analogique) dans un monde construit sur le modèle d'une grille. Clairement, j'ai pu refaire la majeure partie du jeu par ma seule connaissance du jeu original, hormis à quelques endroits où ma mémoire m'a fait défaut. 

Il serait cependant malhonnête de dire que ce remake n'a subi aucun changement structurel, qu'il s'agisse d'un mini-jeu totalement revu, ou d'une modification d'un pattern ennemi pour rendre le combat un peu plus fluide. De nombreuses améliorations ont été faites concernant les contrôles et les menus. Les boutons additionnels de la Switch permettent d'assigner deux objets principaux, et certains objets comme la Plume permettant de sauter, les Bottes de Pégase ou encore votre bouclier sont désormais associés automatiquement à votre personnage, ce qui évite de devoir changer constamment d'objet assigné. On y trouve également une carte très pratique, sur laquelle on peut zoomer et placer des petites balises afin de pouvoir revenir facilement à un endroit plus tard. Le donjon bonus basé sur les couleurs issu de la version DX sur Game Boy Color est d'ailleurs toujours présent. Il n'est certes pas particulièrement mémorable, et son exploration reste un peu trop facile mais il aurait été dommage de l'oublier. 

La seule vraie déception réside dans ce qui devait être la grande nouveauté de ce remake. En vous rendant à la maison d'Igor, vous pourrez assembler votre propre donjon à partir de pièces de temples que vous avez visité au préalable, ainsi que les partager. Il résulte de ces créations un effet patchwork et un manque de cohésion thématique ou d'originalité, au point qu'on aurait préféré découvrir un donjon inédit à la place. Ceux qui attendaient un équivalent à l'excellent Mario Maker seront certainement déçus. Et puisqu'on en est aux choses qui fâchent, on peut également citer les très fréquentes baisses de framerate lorsqu'on passe d'une zone à une autre ou d'un intérieur à la world map. Ces ralentissements sont présents que l'on joue en nomade ou en docké, espérons donc que Nintendo nous sorte un petit patch dans les jours qui viennent pour corriger ce désagrément. Enfin, était-il nécessaire de nous faire payer plein tarif (prix généralement constaté : 59.99 €) pour un jeu pouvant se plier en une petite dizaine d'heures voire moins quand on connaît l'original par coeur ? 

On peut se questionner sur la raison d'exister de ce remake. Cependant, le jeu original a maintenant 26 ans et se prêtait parfaitement à l'exercice. Toute une génération de fans de Zelda a grandi sans avoir accès à cette merveille, et si certains ont pu s'y essayer sur Virtual Console, les graphismes rudimentaires et monochromes pouvaient en bloquer plus d'un. Mais pour ce remake, Nintendo a choisi un style chibi totalement adorable avec des effets de flou sur les bords de l'écran qui retranscrivent très bien le feeling de la version originale. Tout est mignon, rondouillard et coloré au point qu'on a l'impression de se balader sur un gigantesque diorama peuplé de petits jouets. En dehors des baisses de framerate gênantes mentionnées plus haut, c'est donc du tout bon. Pour conclure, la version d'origine de Link's Awakening restera à jamais MON Zelda. Mais ce très beau remake a en son sein toute la magie requise pour peut-être devenir le vôtre.