Il y a quelques années, les espagnols du studio Pendulo, se sont taillé une réputation en or en remettant au gout du jour un genre presque oublié, les point'n'click. Après le succès largement mérité de leur saga Runaway, ils reviennent sur le devant de la scène avec un titre plus sombre et plus mature, très loin des frasques auxquelles ils nous avaient habitués. Résolument noir, Yesterday se présente comme un thriller fantastique dans lequel il va falloir découvrir les liens qui unissent notre personnage, John Yesterday au médiatique milliardaire Henry White.

 Disons le tout de suite, l'histoire est un petit bijou d'écriture. Bourrée de suspens, de scènes d'anthologie et de climax divers, elle nous entraine tambour battant dans une aventure riche en émotions. Parfois drôle, parfois émouvante, on retiendra notamment les scènes de torture, surprenantes car inhabituelles dans ce genre de jeu. Pendulo Studios]] a pris le contre-pied de ce qu'il se fait habituellement et si quelques dialogues truculents font sourire, dans l'ensemble on est bien loin de l'humour absurde des classiques du genre, [[Monkey Island ou Puzzle Agent. On se rapproche plus du scénario alambiqué de 1112 et de ses multiples rebondissements aux accents psycho-fantastiques. La fin elle-même est construite en plusieurs partie qu’il sera possible de découvrir en fonction de nos choix. On aura ainsi la possibilité de choisir la conclusion qui nous plaît le plus parmi les 4 disponibles.

Au niveau de la réalisation, Yesterday n'a pas à rougir, bien qu'il se situe en deçà de certains titres. Les personnages en 3D cell-shadé, souffrent de quelques raideurs et leur rendu fait parfois très plastique. Toutefois, les décors en 2D sont souvent magnifiques et les nombreuses animations présentant l'histoire sous forme de BD offrent un véritable cachet au titre. La bande son de qualité colle parfaitement à l'action et renforce à merveille l'ambiance des lieux et des époques. Oui, car sans dévoiler le scénario, attendez vous à découvrir le passé tortueux de John et sa très longue existence.

En termes de maniabilité, Yesterday ne réinvente pas la roue mais s'offre une excellente ergonomie. Une zone en haut de l'écran fait office d'inventaire scrollable toujours visible. On ne perd donc jamais de temps à passer par un menu pour utiliser les éléments qu'il contient et d'un simple glissé du doigt on les assemble ou les fait interagir avec la scène. Le bas de l'écran se réserve une autre zone avec l'accès au menu, aux indices et au bouton qui fait apparaitre les zones cliquables. Les joueurs aguerris pourront ainsi profiter du jeu sans jamais avoir recours à l'assistance ni à l'indication des éléments interactifs, alors que les autres bénéficieront d'une aide efficace. On notera d'ailleurs que l'assistance ne distille ses conseils que par petites touches puisqu'une fois utilisée il faudra patienter un long moment avant qu'elle ne redevienne disponible. Un système déjà employé dans Les Chevaliers de Baphomet : Les Boucliers de Quetzalcoatl, repris et amélioré ici.

Au niveau du gameplay, Yesterday offre une certaine variété. Si on passera le plus clair de son temps à fouiller les décors pour collecter divers objets on aura également droit à de nombreux passages de dialogues (où certaines réponses auront une influence directe sur la fin de l'histoire) ainsi qu'à quelques énigmes bien trouvées qui demanderont un brin de réflexion. On notera tout de même que dans l'ensemble le jeu est assez facile et très logique. Pas la peine d'assembler les objets les plus improbables entres eux pour déclencher un mécanisme encore moins évident. Ici tout est très clair et les actions à effectuer sont très proches de la réalité. Certains apprécieront, d'autres moins.

En revanche, on regrettera tous la très faible durée de vie du jeu qui se boucle en moins de 4 heures. Ne comptez pas la rallonger avec des achievements ou quelques objets cachés, Yesterday en est dépourvu. C’est donc une aventure courte mais prenante que nous propose Pendulo Studios.