La Nintendo Switch n'en finit pas de nous gaver de sorties de qualité. Lors d'une partie intense, il peut être très facile d'oublier le contexte dans lequel on joue. Parfois c'est dans une pièce sombre seulement éclairée par le grand écran tandis que parfois c'est dans le bus ou dans le coin d'un aéroport. Et lorsqu'on joue à Dark Souls Remastered sur sa Switch, on se rend compte qu'il y'a seulement quelques années de cela, nous avions besoin d'une console de salon ou d'un PC pour pouvoir s'immerger dans son monde ténébreux et désolé. Dorénavant, il est possible d'y jouer partout et cette version peut intéresser les joueurs étant tentés par cette portabilité, mais aussi ceux qui n'ont encore jamais plongé dans les profondeurs de Lordran.
Premièrement, si vous avez déjà tenté l'expérience Dark Souls par le passé et qu'elle s'est conclue par un échec cuisant et une promesse faîte à vous-même de ne plus jamais y retoucher, les choses ne seront guère différentes ici. Dès vos premiers pas, le jeu semble être particulièrement alambiqué et ésotérique. Le jeu n'explique jamais clairement les propriétés des armes, les statistiques que vous devez améliorer pour pouvoir porter certaines armes ou même la direction vers laquelle vous devriez vous diriger. Livrés à eux-mêmes, ce sera aux joueurs de découvrir tout cela par eux-même ou en se rendant sur des wikis sur le net pour potasser tout cela, ce qui ne conviendra pas à tous les profils. Ayant déjà parcouru le jeu plusieurs fois, il m'est difficile de me rappeler de mes débuts mais le jeu n'est pas des plus clairs lorsqu'il s'agit de pointer aux joueurs la bonne direction. Dans tous ses aspects, Dark Souls est un jeu qui exige au joueur de se tromper pour mieux recommencer et si les joueurs les plus chevronnés et persévérants en seront ravis, d'autres ne pourront contenir leur frustration. Parfois en jouant, on a parfois l'impression d'avoir fait un pas en arrière par rapport au point où on était il y'a une heure au lieu d'avoir un sentiment de progression.
Mais cet aspect là constitue l'essence même de Dark Souls. Vous échouez, et tirez les leçons apprises de vos défaites pour réussir lors du prochain essai. Si cette boucle de gameplay ne conviendrait pas à tous au premier abord, en s'adaptant et en apprenant les leçons que le jeu essaie de vous enseigner, on en ressort avec un incroyable sentiment d'accomplissement. Chaque étape de votre voyage et chaque zone sera mémorable. L'aspect "die n'retry" du game-design finira par graver profondément les patterns de vos ennemis et la topographie des lieux dans votre mémoire. Jouer à ce jeu est comme pratiquer un sport et n'a rien d'une activité passive. Et lorsque vous parviendrez à occire un boss pour la première fois, une indescriptible vague d'euphorie vous envahira. Avec suffisamment de dévouement et de patience, vous surmonterez de nombreux défis qui vous auraient parus insurmontables durant les premières heures de jeu. C'est sans aucun doute LA raison pour laquelle Dark Souls est si populaire. Et pour être honnête c'est surtout celle-ci car pour ce qui est du graphisme, du système de combat voire même parfois du level-design, le jeu peut aujourd'hui paraître en deçà des standards actuels.
Visuellement, bien que l'on ne peut que souligner sa direction artistique grandiose, Dark Souls n'a jamais été un canon de beauté. Si sur Switch, cette version remastérisée est légèrement plus belle que les originales sorties sur PS3 et Xbox 360, le jeu paraît toutefois assez vieillot et poussiéreux. De nombreux points négatifs sont présents. Les dernières zones du jeu, Izalith en particulier, ne semblent pas avoir bénéficié du même soin que les autres et paraissent parfois inachevées. On peut également noter quelques soucis de collisions, des animations pas toujours fluides et de plus, le système de combat de ce premier Dark Souls peut paraître assez restrictif et archaïque pour ceux ayant joué à ses deux suites. Enfin, le jeu souffre de quelques défauts spécifiques à cette version Switch. La qualité du son est probablement le plus gros point faible, de nombreux effets sonores ont été compressés pour pouvoir rentrer le jeu dans une cartouche ou pour économiser de l'espace disque sur votre Switch. Un défaut qui se remarque facilement bien qu'il ne suffise pas à briser l'immersion, mais qui peut être frustrant comparé à d'autres versions du jeu. Enfin, notons également des problèmes au niveau du framerate bloqué à 30 images/seconde comparé aux 60 images/seconde des versions PS4 et One, qui profitent également d'un rendu visuel réhaussé. Le jeu tourne néanmoins mieux sur Switch que sur old-gen, et il faudra s'en contenter.
Alors au final, est-ce que cette version Switch de Dark Souls Remastered mérite de finir sur votre étagère ? Indubitablement oui, mais elle s'adresse à des joueurs avertis. Tout le monde n'appréciera pas sa rigueur et certains joueurs seront probablement laissés sur le carreau. Mais si vous vous sentez l'âme d'un aventurier et qu'à force de persévérance vous parvenez à remporter les défis que le jeu vous impose, vous découvrirez un des meilleurs Action-RPG jamais conçus.
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