Au commencement de GRIS, tout s'effondre de façon spectaculaire. Alors que l'on s'interroge sur ce que l'on fait là et qu'on se demande où les développeurs de Nomada Studio veulent nous emmener, on appuie instinctivement sur ce qu'on pense être la touche de saut pour voir notre personnage s'effondrer sur le sol. On pourrait penser qu'il s'agit là d'un petit détail, mais cette surprise donne parfaitement le ton et nous donne en un clin d'oeil un aperçu de ce qui nous attend. Car GRIS est un véritable voyage émotionnel, alternant des moments d'une beauté presque épique, et d'autres beaucoup plus sombres et désespérés, frappant lorsque l'on s'y attend le moins. Ce focus sur l'impact émotionnel se met parfois en travers de la route du jeu, mais grâce à son gameplay très simple et sa durée de vie relativement courte, il est très facile d'outrepasser ses défauts et de tomber amoureux de la dernière pépite indé dénichée par le label Devolver.
GRIS est un jeu très facile à prendre en main : il n'est possible que de courir et de sauter, avec un double saut introduit très tard dans le jeu. Votre robe débloque également des capacités au fur et à mesure de votre progression comme la possibilité de se transformer en cube lourd pour détruire des éléments du décor ou en raie manta pour pouvoir nager sous l'eau. Et le jeu ne s'avère jamais plus complexe que cela, chaque énigme pouvant être résolue grâce à une combinaison de 4 ou 5 capacités, quelques sauts bien timés et un peu de logique. La grande simplicité du gameplay permet de se concentrer sur l'aspect le plus évident du jeu, à savoir sa direction artistique tout simplement magnifique. Chaque screenshot du jeu ressemble à une aquarelle, les environnements dégagent une vraie impression de gigantisme, et chaque chapitre a une ambiance complètement différente du précédent sans que le monde décrit par le jeu y perde en cohérence.
Le titre de Nomada Studios regorge de passages qu'il serait criminel de spoiler. Certaines énigmes vous poseront de sérieuses colles mais dès que vous en comprendrez la logique, tout devient clair et vous aurez parfois envie de vous mettre des baffes pour avoir galéré devant ce qui vous paraît dorénavant évident. Il est presque impossible de décrire GRIS avec des mots tant il s'agit typiquement du genre de jeu qu'il faut vivre et expérimenter soi-même pour pouvoir se faire un avis. Chaque personne qui y jouera en retiendra quelque chose de différent, et il serait vraiment dommage d'avoir des à-priori avant de l'essayer. Le jeu n'en est pas pour autant parfait. La caméra a souvent tendance à beaucoup s'éloigner pour dévoiler le niveau que l'on est en train d'explorer au point que l'action en devienne difficilement lisible, surtout lorsqu'on joue en nomade ou sur table. Rajoutez à cela quelques sauts qui devront être exécutés au pixel près, et on se retrouve face à des passages assez frustrants qui nous font parfois regretter que les développeurs ne se soient pas davantage concentrés sur le confort du joueur au lieu de sans cesse vouloir flatter ses rétines.
Mais il est très facile de pardonner le jeu pour ses petits défauts. GRIS est beau dans tous les sens du terme, et si il n'arrive pas à vous émouvoir au moment où les crédits défileront, vous n'êtes tout simplement pas humain. Le titre de Nomada Studios est un de ceux que l'on oublie pas facilement. Pardonnez ses péchés, laissez vous envelopper dans sa chaleur et sa beauté et vous en ressortirez ravi.
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