Après la OUYA, le GameStick et plus récemment la MOJO de MadCatz, Nvidia rejoint le cercle des micro-consoles Android, mais avec un produit bien plus premium que ses concurrentes. Il y a un an, Nvidia sortait la Shield, une « console portable », ou plutôt une manette dotée d’un écran, aux abords fort sympathiques, mais qui s’est finalement révélée assez décevante, notamment en raison d’un catalogue de jeux trop restreint. Nvidia récidive donc en 2014, mais avec une nouvelle stratégie : fini l’écran sur la manette, place à une tablette tactile, également équipée de la puce graphique la plus puissante du moment, le Tegra K1.

Conception et caractéristiques

La Shield Tablet (c’est son nom) abandonne donc le grossier écran LC fixé sur un contrôleur Xbox 360 pour embrasser une dalle de 8 pouces à la résolution 1900x1200px. Elle dispose en outre de deux haut-parleurs puissants et qui offrent des résultats impressionnants. À l’arrière de l’appareil, on trouve une dalle en plastique mat avec le logo Shield en glossy au milieu. Il s’agit d’un produit sans grande prétention, qui n’est pas assez sexy pour rendre envieux ceux qui vous croiseront en sa compagnie, mais qui peut difficilement être décrit comme laid. Les boutons habituels et les ports d’une tablette Android peuvent être trouvés sur le bord latéral de la Shield Tablet, et il y a aussi un emplacement pour une carte MicroSD - une fonction très pratique si vous cherchez à télécharger beaucoup de jeux. Un port mini-HDMI est aussi inclus (comme la première version) afin de connecter votre tablette à votre téléviseur, même s’il faudra pour cela investir dans un câble (non fourni). On peut également constater la présence de deux sorties pour le ventilateur, sur les bords supérieur et inférieur, sans doute pour refroidir un peu les ardeurs de la tablette quand on fait tourner les jeux les plus exigeants. Le chipset Tegra K1 étant très puissant, il faut donc faire surchauffer l’appareil. Un stylet est amarré sur le côté afin d’être utilisé sur l’ensemble des logiciels compatibles, mais qui s’avère assez limité une fois sorti de son domaine d’activité. On retrouve également (mais vendu séparément) une manette sans fil, mais qui s’avère être un chat indispensable pour tirer le plein potentiel de la Shield Tablet. La qualité de construction n’a pas son pareil : la disposition des boutons et sa conception sont quasiment parfaites. L’inconvénient, c’est qu’elle ne peut fonctionner qu’avec la tablette de Nvidia en raison de sa compatibilité WiFi Direct (plutôt que Bluetooth).


Les jeux et les performances

Alors que d’autres tablettes et smartphones Android se concentrent sur les applications plutôt que sur les jeux, la Shield Tablet a été construite avec en tête le divertissement. Il est au cœur de son modus operandi, et même son emballage le dit. C’est un pari assez audacieux, mais la présence d’une puce graphique puissante est là pour rassurer son monde. La tablette est en tout cas livrée avec Trine 2, qui, au moment de la rédaction de cet article, est toujours exclusif à l’appareil de Nvidia. Étonnamment, il n’a rien perdu de son éclat graphique que l’on a pu voir sur PC ou sur WiiU. Il est toujours aussi magnifique et coloré. Quand on lance Half-Life 2 ou Portal, l’expérience est sensiblement la même, ce qui montre à quel point il s’agit d’un produit avant-gardiste. Le problème, c’est qu’en dehors de ces titres et de quelques autres, il y a vraiment trop peu de jeux poussant la Shield Tablet dans ses derniers retranchements. Bien sûr, elle exécute tout ce que vous allez lancer sans broncher, mais certains jeux Android restent saccadés et non optimisés, ce que même le produit le plus puissant du monde ne peut pas résoudre. Du côté de l’expérience globale, elle est excellente, aussi longtemps que vous évitez d’utiliser le mode économie d’énergie qui se lance par défaut lorsque vous allumez la Shield Tablet la première fois. Cela rend les performances terriblement inégales. Du côté d’Android, on apprécie de constater qu’il s’agit d’une version 4.4, ce qui signifie que vous n’aurez pas à subir les problèmes de menus mal conçus. Cependant, on retrouve des bloatwares - des logiciels que l’on ne peut pas désinstaller -, c’est le cas de [[Trine 2]] qui pèse pourtant plus d’un giga, ce qui est un peu ennuyeux.


L'appareil photo

L’appareil photo en façade de la Shield Tablet est parfait pour des applications comme Skype et Snapchat. À l’arrière en revanche, avec seulement 5 mégapixels, le rendu est très mauvais, et il n’y a pas de flash. L’application caméra personnalisée par Nvidia n’est quant à elle pas agréable à utiliser. La plupart des gens comprendront qu’une tablette n’est pas vraiment faite pour ce genre de choses, mais si vous voulez cependant le faire, passez votre chemin, car ça ne fera pas suffisamment l’affaire.

Les bons points

Nvidia a vraiment insisté sur le fait de rendre sa gamme Shield sexy auprès des joueurs qui veulent s’amuser sur Android, et cette tablette nous le prouve. L’application Nvidia HUB permet de son côté de pouvoir faire tourner un jeu en streaming sur son PC directement sur sa tablette, partout dans la maison. Contrairement à la OUYA et au GameStick qui ont leurs propres écosystèmes, la Shield Tablet s’appuie sur Google Play. Car même si le Nvidia HUB propose un marché distinct, il vous redirige vers une page du Play Store. Non seulement cela permet de garder les choses en ordre et d’éviter la réplication de contenu - vous n’avez pas à racheter un jeu que vous possédiez déjà sur une tablette concurrente. Mais la société au caméléon mérite aussi une tape dans le dos pour proposer un matériel vraiment incroyable. La puce Tegra K1 est un monstre, et propose le même genre de performances que ce que l’on a l’habitude de voir sur console. Lorsque la tablette est associée à la manette, cela la place parmi la meilleure micro-console Android du marché.

Les mauvais points

Alors que Nvidia a fait un excellent travail pour rafraichir sa gamme Shield pour s’assurer qu’elle devienne incontournable, avec notamment son changement de forme et de nature, on perd le côté nomade du Shield, première version. Ici, avec son écran de 8 pouces, la Shield Tablet est plutôt lourde. L’évolution vers ce concept est clairement une concession à prendre en compte, que vous cherchiez une console de jeu, ou un produit pour surfer sur le web, deux éléments qui risquent de poser problème. Par ailleurs, le contrôleur n’est pas fourni, ce qui pourrait avoir de graves conséquences pour le succès commercial de la Shield Tablet. Sans la manette, il s’agit juste d’une tablette. Le contrôleur étant ce qui la distingue des autres, elle aurait dû être fournie dès le début. Surtout qu’il faut rajouter 60€, ce qui est aussi un peu trop cher à notre goût, imaginez donc si vous voulez inviter trois autres amis à vous rejoindre…

Note :Merci à Ebuyer pour nous avoir fourni la tablette, sa Cover et le contrôleur pour ce test.

Test de la Nvidia Shield Tablet


Les plus

+Le Tegra K1
+Les finitions
+Le prix
+Quelques efforts sur les jeux

Les moins

-Un design assez classique
-Stylet gadget
-Manette vendue séparément
-Quel avenir pour les jeux exclusifs ?

Comme le Shield avant lui, la Shield Tablet s’appuie sur sa puissance pour faire la différence. Le chipset Tegra K1 est une prouesse technologique, et cela devrait rendre le jeu vidéo sur Android encore plus intéressant qu’avant. Il y a également un vrai effort de fait par Nvidia pour proposer des jeux, ce qui n’était pas le cas il y a un an. On retrouve des « exclusivités », même si on peut également les avoir sur des plateformes plus traditionnelles. Cependant, il y a de grands points d’interrogation à ne pas oublier, notamment l’avenir sur le long terme de la Shield Tablet. Certes, il y a aujourd’hui quelques jeux exclusifs, mais qu’en sera-t-il dans plusieurs mois ? En outre, le fait de ne pas fournir de manette dès le départ est une grossière erreur. Néanmoins, il faut bien admettre que le tarif - à peine plus élevé que la Nexus 7 - devrait sérieusement vous faire réfléchir.