Pour ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de jour à Bioshock (malgré les nombreuses promotions sur Steam où le jeu était à moins de 5€), sachez qu’il vous place dans une ville sous-marine appelée Rapture. Auparavant, elle était utilisée par les élites de notre société, par des artistes loin de toute censure, et par des scientifiques fous. Mais la découverte de l’ADAM, une limace de mer qui peut réécrire l’ADN et donner des pouvoirs surhumains a lancé une série d’événements plongeant la ville dans la guerre civile. Après un accident d’avion, vous êtes invité un peu par hasard à l’explorer, et c’est sans aucun doute la plus grande force de Bioshock. La scénographie intelligente donne au monde un réel sentiment d’appartenance, et l’atmosphère glauque imprègne chaque couloir sinistre. Voir comment ce monde idyllique et calme a pourri et a été consommé par l’océan offre le summum en matière de tourisme dystopique.

En évoluant à travers Rapture, vous découvrirez l’histoire du jeu - à la fois des récits secondaires, mais aussi ingénieux que passionnants - et par l’intermédiaire de journaux audio laissés par les citoyens morts. Le gameplay implique généralement une lutte perpétuelle contre les toxicomanes de l’ADAM, aussi appelés Splicers, et ils font froid dans le dos. Le jeu vous propose de jongler entre des armes traditionnelles, mais également avec des plasmides qui vous permettent de bénéficier de pouvoirs particuliers comme la télékinésie. On peut ainsi commencer à tirer au pistolet avant d’envoyer un morceau de décor sur un ennemi, et c’est stupéfiant. Mais ce n’est pas tout, car il est également possible de pirater des sentinelles pour qu’elles vous viennent en aide, ce qui est particulièrement pratique lorsque vous faites face aux Big Daddy, des énormes ogres sous-marins dotés d’un scaphandre et d’une combinaison de plongée.

Le jeu original n’est pas parfait, bien sûr. Pendant de longues périodes, le jeu se perd dans des échanges de tirs répétitifs. Il devrait également se terminer plus tôt, évitant ainsi de délivrer un épilogue et un combat final décevants. La ville n’est pas aussi vivante qu’on aurait pu le croire : vos interactions avec elle seront essentiellement des moments cinématographiques scriptés. Les choix moraux tant vantés - doit-on tuer ou pas les petites sœurs accompagnant généralement les Big Daddy ? - n’ont finalement aucun véritable intérêt au sein de la narration. Mais Bioshock est toujours une réussite étonnante dans sa conception, son récit et son ambiance. Il a résisté à l’épreuve du temps. Plonger dans cet océan plein de mystère laisse toujours autant d’émerveillement et de crainte, malgré le poids des années. Et quand la voix fantomatique d’Andrew Ryan vous présente Rapture, et que vous voyez la ville pour la première fois, c’est impressionnant.

Mais cette version iOS souffre en quelque sorte de la même corrosion qui a rempli les murs de Rapture. Visuellement, il y a une dégradation évidente, et on le voit dès la scène d’ouverture qui n’est pas aussi bouleversante que l’original, car il y a eu des compromis. Sur un iPad Air, on se rapproche toutefois des textures et des modèles de la version Xbox 360, mais c’est au détriment des ombres et du brouillard qui permettent justement à l’ambiance de fonctionner, ou au style Art-Déco d’effrayer. Du côté des performances, s’il n’y a pas de gros problèmes à signaler, il faut néanmoins noter des coupures de son aléatoires, ou encore des temps de chargement très longs, ou encore un framerate incertain. Sur iPhone 5, le bilan est encore moins bon. Si vous préférez utiliser une manette, on ne vous en voudra pas non plus, car les contrôles sont incroyablement maladroits rendant les combats vraiment frustrants.